Pour quoi faire ?

17 septembre 2015

LE LIVRE NOIR DES BANQUE$.


En 2008, les États européens ont mobilisés 37% de leur P.I.B., soit 4 500 milliards d’euros, pour sauver le système bancaire. La crise s’est alors transmise à toute l’économie et aucune régulation n’a été mise en œuvre, malgré les promesses. 
 Et depuis, le hold-up planétaire continue : spéculation sur les marchés alimentaires, compensations versées aux créanciers, emprunts à risque,… pour favoriser toujours plus de captation de richesse au profit de quelques uns, des millions d’emplois sont détruits, des familles sont expulsées car, plutôt que d’installer des garde-fous, de lutter contre l’évasion fiscale, sont montrer du doigt le « coût » du travail, le nombre de fonctionnaires, l’endettement des États.
 
Les auteurs reviennent sur le coût exorbitant du sauvetage des banques en 2008 et expliquent comment celles-ci continuent, en France notamment, d’être de véritables bombes à retardement, plus préoccupées par leurs profits immédiats que par le financement de l’économie réelle, spéculant avec les dépôts de leurs clients, en dépit de toutes les recommandations.
Des produits financiers toujours plus sophistiqués sont inventés pour réaliser des bénéfices gigantesques en spéculant sur les dettes publiques, les monnaies, les quotas d’émissions de carbone et même les catastrophes naturelles ! Leur valeur totale représente 213 fois le P.I.B. de la France, dix fois l’économie réelle mondiale, 615 000 milliards de dollars ! Alors qu’après la crise de 1929, ces véritables « armes de destruction massive » (expression du milliardaire Warren Buffet) étaient interdites, elles pullulent aujourd’hui. 
Pour l’ancien rapporteur des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, la spéculation, conduisant à des famines, est un crime contre l’humanité !
S’inspirant des campagnes contre l’apartheid, le prix Nobel de la paix Desmond Tutu préconise de boycotter les entreprises qui financent les dérèglements climatiques.
En France, les banques s’attaquent maintenant à l’épargne réglementée (le livret A, le L.D.D,…) qui finance la construction de logements sociaux, un pactole de 400 milliards d’euros avec lequel elles voudraient pouvoir spéculer. Par ailleurs, elles bénéficient d’une véritable rente avec des frais bancaires conçus comme une arnaque dont personne ne peut se passer.
Elles investissent dans les pays à fiscalité privilégiée. Si les échanges entre filiales d’un même groupe représentent 60% des transactions du commerce mondial c’est que les banques savent contourner les législations avec l’optimisation fiscale et migrer vers les paradis fiscaux. Un lobbying intense et un chantage permanent sur les pouvoirs publics permettent une réduction toujours plus grande de la pression fiscale.
Les affaires, les procès, les amendes record ne les freinent ni les inquiètent nullement, car le jeu en vaut la chandelle ! Les rémunérations et les dividendes distribués sont de plus en plus indécents. Les salaires des dirigeants ont été multipliés par quatre depuis 2008 !


Parfaitement accessible, rédigé dans un constant soucis de mettre à la portée de tous la description d’un système meurtrier. L’abondance d’exemples et de références rend le propos toujours clair.
Il ne s’agit pas seulement pour les auteurs de dénoncer mais aussi de rappeler quelques lois qui ont fait leurs preuves avant d’être supprimées, d’autres qui ont été sabotées avant d’être votées, des rapports qui pointent des évidences… vite étouffées.
Des solutions simples, rapides à mettre en place, évidentes, sont proposées : sanctuariser les dépôts des particuliers en les séparant des banques d’affaires, défendre l’épargne en augmentant le taux des livrets, favoriser la portabilité du numéro de compte comme pour la téléphonie, créer un parquet européen, voter des lois anti-fraude, mettre fin au secret bancaire, renforcer la protection des lanceurs d’alertes, empêcher la collusion entre secteur bancaire et pouvoir politique.
Un livre qui donne le vertige, un goût de bord du gouffre. Un livre indispensable pour comprendre l’immense danger que fait peser cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes, indispensable pour armer un discours.
 
LE LIVRE NOIR DES BANQUE$.
Attac & Basta !
Éditions Les Liens qui Libèrent – février 2015
82 pages – 21,50 euros
 

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