Si les progrès des sciences et techniques ont permis
d’éradiquer famines et épidémies, de prolonger l’espérance de vie, dans le même
temps d’autres menaces sont apparues. Dans les années à venir, il faudra
relever les défis environnemental, énergétique, de l’indépendance et de la
sécurité alimentaire. Si l’industrie, les administrations, les ménages sont
bien entendu concernés, l’agriculture est au cœur de cet enjeu.
Déjà à la fin
des années 50, on sait comment produire des éléments sains et de qualité, en
préservant l’environnement, avec une forte valeur ajouté. Le productivisme qui
a suivi a conduit l’agriculture dans une impasse : produire toujours plus en rejetant sur d’autres
le coût des nuisances. Mais tout n’est pas perdu. André Pochon prône un retour aux
règles agronomiques fondamentales, au bon sens.
En 1947, le premier Centre d’Étude Technique
Agricole (C.E.T.A.) voit le jour. Dix-sept paysans de Seine-et-Oise se réunissent
une fois par mois pour mettre en commun leurs réussites, leurs échecs, leurs
expériences, les analyser et en rendre compte. Rapidement, les rapports sont
échangés entre les fédérations de tous les C.E.T.A. créés en France. Ainsi ce
sont les paysans eux-mêmes, avec le certificat d’études comme seul diplôme, qui
ont initié le progrès, triplant la production sans dépenses supplémentaires et
sans défigurer la terre pour autant.
Vaches armoricaines remplacées par des normandes et
la production de lait passe de 1 500 à 4 000 litres par an, alimentées par du
fourrage et des céréales concassées, elles ont ruminé plus vite. C’est la
« révolution fourragère » initié par des ingénieurs agronomes comme
René Dumont : « la vache est un animal extraordinaire, elle a une
barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière. »
André Pochon explique comment le productivisme
démesuré à partir des années soixante-dix, a défiguré les campagnes,
profondément pollué l’environnement, endetté ou ruiné bon nombre d’agriculteurs
au profit de quelques uns. La promotion du maïs fourrage et le développement de
l’élevage intensif, puis concentrationnaire, porcin notamment, ont
définitivement détruit les équilibres ancestraux.
Les intérêts à court terme commandent, poussés par
les pressions syndicales et politiques et les lobbies agro-alimentaires.
Les conséquences ne se font pas attendre :
pollution dramatique des eaux, empoissonnement des aliments… la crise de la
vache folle est l’illustration parfaite de cette dérive productiviste, comme
les O.G.M., la listériose.
André Pochon défend des modèles alternatifs :
le retour au système fourrager et à l’élevage sur paille qui font leurs preuves
aujourd’hui encore mais sont victimes d’un blocage politique car le lobby de
l’agro-business continue d’imposer son système productiviste, soutenu par les
aides publiques. Les solutions sont pourtant simples à mettre en œuvre :
il faut rompre avec la monoculture.
Soulignons que cet ouvrage est paru en 2001 et que
les problèmes relevés persistent et n’ont fait qu’empirer. André Ponchon
pourtant comptait alors sur un rapide réveil des consciences avec la crise de
la vache folle notamment. Son propos demeure donc plus que jamais d’actualité. Son
espoir dans une agriculture durable, son enthousiasme et surtout la clarté tant
de ses explications que de ses solutions nourriront bien des réflexions.
André Pochon
Préface de Jean-Marie Pelt
126 pages – 9
euros
Éditions La
Découverte – Collection « Alternatives économiques» – Paris – juin
2001
154 pages – 8,20
euros
Éditions La
Découverte – Collection « poche/essais » – Paris – Novembre
2006
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire