Une trentaine de tableaux. Dialogues brefs qui
racontent chacun un épisode d’une tentative d’extorsion de milliers d’hectares
de terres aux cultivateurs de canne à sucre du Transvaal, en Afrique du Sud,
par les agents d’une multinationale.
Achat de la prochaine récolte payée d’avance.
Offres de semences et de traitements garantissant trois à cinq récoltes
annuelles au lieu d’une. Signature d’un contrat abusif poussant à l’endettement
puis à l’expropriation. Un des paysans va résister à la tentation de l’argent facile
et consulter une avocate pour qu’elle l’aide à déjouer le piège qui lui est apparu, tout comme à nous,
fil après fil.
La langue est sobre. Elle pose un décor. Stefano
Massini sait mettre l’essentiel dans la bouche de ses personnages. Tout fait
sens et pourtant c’est au lecteur (ou au spectateur) d’assembler les morceaux
pour voir, pour comprendre cette guerre civilisée, terrifiante recherche du
profit qui broie les hommes inexorablement. Son théâtre nous plonge au cœur du
drame, sans démonstration ni pathos, pour nous permettre d’en saisir le
fonctionnement si ce n’est la signification.
L’auteur annonce qu’à la manière d’un puzzle, ces séquences
peuvent être assemblées dans un ordre chaque jour différent. Nous ne demandons
qu’à voir.
TERRE NOIRE
Stefano Massini
Traduit de l’italien par Pietro Pizzuti
146 pages – 13 euros
Éditions L’Arche – Paris – janvier 2017
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