Pour quoi faire ?

28 mars 2017

L’OBSOLESCENCE PLANIFIÉE

L’économie a longtemps considéré la Nature avare de ses bienfaits et les hommes confrontés aux pénuries. Malthus en 1798 prédisait une augmentation de la population supérieure à la production de denrées comestibles pour la nourrir. Or, la technologie moderne a augmenté la productivité des usines et des champs au point que les entrepôts du monde entier débordent de surplus tandis que des millions de personnes sont privées de conditions de vie satisfaisantes. Faute de pouvoir d’achat suffisant depuis la Dépression, les consommateurs font durer autant que possible tout ce qu’ils possèdent et ne remplacent plus leurs vieux articles par des neufs selon la mode. Fort de ces constatations, Bernard London propose en 1932 une planification de l’obsolescence du capital et des biens de consommations.

Ainsi, dès leur création, le gouvernement attribuerait une durée aux produits manufacturés, miniers et agricoles, au terme de laquelle ils seraient légalement déclarés morts et détruits. L’emploi des masses serait ainsi régulé et assuré.
De la même façon, constatant que le produit des efforts du travailleur profite au seul propriétaire, il conseille de fixer une limite de temps arbitraire au retour sur investissement, suite à quoi les bénéfices reviendraient au peuple.
Il affirme que « les miracles existent. Mais pour survenir, ils doivent être planifiés. »

Document étonnant qui nous apprend que l’obsolescence fut tout d’abord suggérée à des fins sociales, qui plus est avec une préoccupation égalitariste. L’économiste et objecteur de croissance Serge Latouche, dans l’article qu’il consacre et qui lui fait suite, expose le contexte historique de cette parution et démontre que si l’intuition de Bernard London est « géniale », elle repose sur une grande naïveté. Il fait le lien avec ce qui va devenir l’obsolescence programmée et dénonce l’impasse écologique, économique et sociale dans laquelle elle nous conduit. 

Lecture intéressante pour comprendre l'origine de ce grand principe que d’autres qualifient tout simplement d’escroquerie.



L’OBSOLESCENCE PLANIFIÉE
Bernard London
suivi de BERNARD LONDON OU LA PLANIFICATION DE L’OBSOLESCENCE À DES FINS SOCIALES de Serge Latouche
100 pages – 13 euros
Éditions B2 - Collection Fac-similé – Paris – mai 2013

http://editions-b2.com/
Édition originale : Ending the Depression through Planned Obsolescence – New York – 1932


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