La réforme agraire inscrite dans la loi par la convention constitutionnelle révolutionnaire de 1917 ne fut jamais appliquée au Chiapas. Une distribution des terres aux paysans fut acceptée par les propriétaires des haciendas en 1940, parce que le développement de l’élevage intensif nécessitait moins de serfs que la culture. À la fin des années 1980, le gouvernement mexicain modifia l’article 27 de la constitution, permettant la vente des fermes communautaires. De plus, il refusa de soutenir le prix du café lorsque le marché mondial s’effondra, alors qu’il avait incité les paysans à se tourner vers cette production.
Samuel Ruiz est évêque de San Cristobal de las Casas depuis 1960. Adepte de la théologie de la libération, il a mit toute son énergie au service des communautés mayas démunies et oubliés, prônant un égalitarisme radical. Il met en place les coopératives paysannes, met sur pied un bureau des droits de l’homme, organise le premier congrès des peuples indigènes en 1974 qui réunira 2000 délégués venus de toute l’Amérique latine. En décembre 1994, alors que les affrontements menacent de reprendre, il suivra une grève de la faim pendant dix-sept jours.
De nombreux groupes d’inspiration maoïste (c’est à dire que leurs organisations reposaient sur les masses et non pas sur une avant-garde éclairée comme dans la tradition marxiste-léniniste) auront également une profonde influence dans la région, notamment Politica Popular, le mouvement d’Adolfo Orive et l’Union de uniones.
Les fondateurs de l’EZLN étaient actifs dans la région dès le début des années 80 et passèrent dans la clandestinité en 1983, proposant une formation pour apprendre au gens à se défendre contre la brutalité de l’État et des hommes de main des éleveurs blancs. Ils comprirent qu’ils devaient écouter les opinions de ceux qu’ils souhaitaient diriger ce qui donna naissance à un système de décision basé sur le consensus total. Les Mayas estiment que nul ne doit s’élever au-dessus des autres.
Cette enquête « à chaud » donne une bonne idée du panorama dans laquelle surgit cette révolution qui allait, à partir d’une lutte locale s’adresser au monde entier.
LA GUERRE DES OMBRES : Les Racines de l’insurrection zapatistes au Chiapas
Alma Guillermoprieto
82 pages – 50 francs
Éditions Dagorno – Paris – Avril 1995
« The Shadow war » public le 2 mars 1995 par The New York Review of Books
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