Donner des clefs pour comprendre les événements attendus dans le mois, telle est l’une des missions que se donne Le Monde Diplomatique. Ainsi, le chercheur indépendant Thomas Vescovi explique comment l’expulsion des Palestiniens en 1948 constitue un « trou noir » dans le récit national d’Israël.
Germaine Tillion a vu son existence plusieurs fois précipitée dans le cours de l’Histoire, de la Résistance à la Guerre d’Algérie, l’obligeant à confronter les exigences de sa pensée aux choix à suivre dans l’action. Est réuni dans ce volume, l’ensemble de ses interventions publiques, entretiens, déclarations, articles, préfaces qui permettent d’éclairer son destin exemplaire à la lumière de son indéfectible nécessité de toujours « défendre le Juste et le Vrai ». Ses témoignages directes, complétés par ceux qu’elle a collectés, analysés par son double regard d'ethnologue et d’historienne, alimentent une parole essentielle.
Le renversement du socialisme bureaucratique n’a pas abouti au triomphe du marché et de la liberté mais à l’emprise d’une bureaucratie publique et privée étroitement
imbriquée. David Graeber formule la « loi d’airain du capitalisme »
qu’il propose ensuite d’analyser : « Toute réforme du marché – tout
initiative gouvernementale conçue pour réduire les pesanteurs
administratives et promouvoir les forces du marché – aura pour effet
d’accroître le nombre total de réglementations, le volume total de
paperasse et l’effectif total des agents de l’État. »
Hervé Kempf raconte comment un véritable « conditionnement psychique » a profondément changé la nature du capitalisme depuis les années 1980, en marginalisant les logiques collectives et imposant son modèle individualiste de comportement, générant une crise économique majeur et une crise écologique d’ampleur historique. La technologie n’est qu’un leurre utilisé par l’oligarchie pour détourner l’attention du désastre qui vient, une illusion qui vise à perpétuer le système de domination en vigueur.
En 1843, âgé de 25 ans, Henry David Thoreau dénonce les travers des industries qui se mettent en place et la logique matérialiste et destructrice qu’adopte alors notre civilisation.
Considérant que la non-violence se fonde sur une falsification méthodique des histoires des luttes sociales du passé, Peter Gelderloos propose une critique de cette emprise morale et plaide pour la diversité des tactiques, choisies selon les situations particulières, pour un « activisme révolutionnaire ou offensif ».
« Crise énergétique » et « crise environnementale » seront résolues au moyen du « développement durable », à en croire les politiciens, les industriels et la bonne conscience citoyenne. Le véritable Graal de cette quête d’une énergie inépuisable et à vil prix reste l’énergie solaire mais loin de l’utopie d’une énergie « propre », cette industrie sera « une avancée stratégique de l’électrification du monde », « un apport décisif à la réquisition de nos vies par l’économie ». « Après les sacrifices à l’idole nucléaire voici ceux du nouveau culte solaire. »
« Ce livre ne tourne pas autour du pot. Il a l’intérêt de présenter un bilan et une analyse lucides de la situation et de proposer des solutions, sans faux-semblants. Ça ne plaira donc sans doute pas à tout le monde, mais là n’a jamais été l’ambition de Paul. Pour faire des choses importantes, il faut commencer par renoncer à faire l’unanimité. » prévient Lamya Essemlali, co-fondatrice et présidente de Sea Shepherd France, dans sa préface. Dans ce manifeste coup de poing, écrit et distribué aux gouvernements en amont de la Cop21, Paul Watson va effectivement droit au but : aimons-nous suffisamment nos enfants pour leur épargner une catastrophe ou sommes-nous trop attachés « au confort que nous procurent la pollution, la surexploitation et le consumérisme » ?
Représentant en produits cosmétiques, Pierre Javelin voit brusquement sa vie basculer : il découvre un couple installé dans son appartement, comme s’il y vivait depuis des années ; sa femme est introuvable ; leurs noms ont disparu des registres administratifs.
« Onze femmes en colère » pourrait être le titre de cette nouvelle pièce de Stefano Massini. Représentant leurs collègues, elles vont devoir négocier avec les nouveaux patrons de l’usine, le maintien de tous leurs emplois. Mais « le pas » que leur demande la direction « dans cette délicate conjoncture » pour « récompenser l’effort consenti » va les diviser.
Les divisions de la gauche française assurèrent la longévité du pouvoir conservateur au XXe siècle et épuisèrent les rares coalitions progressistes parvenant au pouvoir, avant de les épuiser. Avec cette étude comparative du Cartel des gauches (1924-1926), du Front populaire (1936-1938), de la Libération (1944-1947) et des premières années de l’ère mitterrandienne (1981-1986), Serge Halimi établit le bilan de leurs réalisations et de leurs échecs. Il cherche à en tirer des leçons. « Qu’elle choisisse d’agir trop vite ou de ne rien bouleverser, la gauche française intériorise un manque de confiance en sa capacité de gouverner. »