Pour quoi faire ?

30 septembre 2021

LE PROJET MYRDDINN

En l’an 460 après l’Éclipse, dans le district de Miralonde, la lutte pour le pouvoir fait rage entre les « fouisseurs sécuritaires favorables à la prohibition définitive des escapade de surface » et les conservateurs, partisans du statu quo. L’inquiétude est grande, d’autant que les humains, les « proliférans », semblent avoir mystérieusement disparu de la surface de la terre, en ce mois de mars de l’an 2020 de leur ère. Certains optimistes pensent à un suicide collectif pour sauver la biosphère.
« Les gnohms sont des bipèdes humanoïdes d’un peu moins d’un centimètre de haut qui portent au front de petites antennes qu’ils nomment “tempelles“. » Ils maîtrisent la technologie des tubes neuronaux qui leur permet de se connecter à de nombreux insectes qui leur servent de moyen de locomotion.
En 443, le professeur Djorin avait du fuir avec un groupe d’ « externalistes » , pour pouvoir poursuivre ses hybridations, ses recherches en polygénétique et surtout son projet Myrddinn. Ses expériences semblent avoir donné des résultats… inattendus et surprenants. Un groupe d’adolescents, de sept ans révolus, accède au statut de « rath » et va être initié à l’Extérieur. Leur curiosité va justifier leur admission au Haut Collège Paysan, où elle sera généreusement nourrie mais aussi toujours éveillée davantage, en même temps, pour certains, que la tentation d’aller voir…
Cet apprentissage nous permet de découvrir cette civilisation enfouie et le regard qu’elle porte sur la notre : « Un instinct territorial très développé a toujours poussé le proliférans à éradiquer les espèces concurrentes. Il est considérée comme la cause principale, quoique non exclusive, de la raréfaction ou de la disparition des grands mammifères et des autres races gnohmiennes. Selon les rapports de foilibers compilés par madame Sbernison (A. Sbernison, 524-1, 537, 542 ; v. aussi encycl. d’éthologie proliféransienne, S.9), pour survivre aux déséquilibres nés de la surpopulation, certains groupes proliférans auraient tenté d'éradiquer d'autres groupes de proliférans. Ces tentatives d'autorégulation auraient produit des cataclysmes écologiques tout au long du Ve siècle après l'Éclipse, sans parvenir aux objectifs de régulation fixés. La surpopulation croissante et la lutte jamais interrompue du proliférans contre toute espèce vivante non domestiquée, conduit actuellement à une destruction du biome de surface. L'éradication rapide des insectes en est le signe le plus clair et le plus dramatique. »

Si la satire affleure souvent, Emmanuel Dockès a su la maintenir loin en deçà du récit, résister à la tentation de la laisser prendre le dessus. En filigrane donc, il laisse poindre les éléments d’une critique de l’anthropocentrisme et de ses conséquences, que chacun percevra et développera à sa guise. Le Projet Myrddinn reste avant tout un roman qu’on peine à lâcher une fois entamé et dont on a hâte de découvrir la suite.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier


LE PROJET MYRDDINN
Emmanuel Dockès
448 pages – 22,80 euros
Éditions du Détours – Bordeaux – Septembre 2021
editionsdudetour.com/index.php/le-projet-myrddinn/


Du même auteur :

VOYAGE EN MISARCHIE - Essai pour tout reconstruire

suivi d'une interview de l'auteur.

 

 

 

 

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