Pour quoi faire ?

12 juillet 2022

MARRONNAGE, L’ART DE BRISER SES CHAÎNES

« Lorsque fut déclarée en 1848 l’abolition de l’esclavage, le libre-marron exprimait depuis longtemps déjà ce qui manquait alors au monde : la dignité de ceux qui résistent et qui créent, de ceux qui créent de la résistance, restituant un sens à la liberté : la beauté. » explique Antoine Lamoraille, artisan ébéniste. Ce catalogue d’exposition dans lequel il figure aux côtés de bien d’autres, réalisé par Geneviève Wiels et Thomas Mouzard, présente l’évolution artistique des peuples d’origine africaine, transportés de force en Guyane et au Suriname, structurés en sociétés issues de la fuite et du refus de l’esclavage. Bousculés par l’intrusion de la modernité, par l’école, la télévision et les nouveaux besoins, les artistes continuent de sculpter et de peindre, transformant les objets du quotidien en oeuvres d’art : aujourd’hui, le tembe a toujours sa place, faite de « figures complexes, entrelacées les unes aux autres ».

Une rapide histoire des colonisations de ces régions complète une présentation des sociétés marronnes, très attachées à leur culture africaine.
Une série de dessins de Jean-Gabriel Stedman (1744-1797), témoignent des sévices infligés aux esclaves, et contraste avec les planches de Pierre Jacques Benoit (1782-1854), qui montrent une société autrement plus apaisée.

Le tembe « sert à prendre du temps pour penser » explique le chercheur Jean Moomou, mais aussi à embellir le quotidien, à prouver ses sentiments. Élaboré à partir de repères et de principes africains, c’est toutefois un art original. Il regroupe la sculpture et la peinture sur bois, la peinture sur toile, la gravure sur calebasse, la musique, la danse, les contes, les charades, la coiffure, les dessins réalisés sur les galettes de manioc, la broderie sur tissus, etc. Le travail de nombreux tembemen est ensuite présenté à côté d’objets plus anciens rapportés par différentes missions.

Très bel ouvrage illustré qui permet d’appréhender le tembe, un art de la fuite mais aussi et surtout de la liberté.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier


MARRONNAGE, L’ART DE BRISER SES CHAÎNES
Geneviève Wiels et Thomas Mouzard
192 pages – 27 euros
Éditions Loco et Maison de l’Amérique latine – Paris – Juillet 2021
www.editionsloco.com/Marronnage-l-art-de-briser-ses-chaines


Voir aussi :
Dieu t’a créé


1 commentaire:

  1. Le tembe n'a jamais été un art de la fuite, mais de la lutte et de l'émancipation.

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