Pour quoi faire ?

24 avril 2016

LA PRÉSIDENTE - Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas


Le 7 mai 2017, Marine Le Pen devient la première femme présidente de la République Française avec 50,41% des suffrages exprimés. Cette fiction glaçante a le mérite, reprenant textuellement le programme du Front National, de projeter une éventualité et d’en explorer les conséquences.

Quand on écoute les prises de positions de beaucoup de dirigeants de la droite dure autoproclamés « Républicains », on ne peut s’empêcher de penser que le rapprochement décrit ici pour former une majorité de gouvernement est loin d’être impossible.
La nouvelle présidente applique rigoureusement la politique qu’elle a annoncée : sortie de l’euro, préférence nationale, politique migratoire, surveillance de masse,…
Deux sociétés françaises spécialisés dans la surveillance numérique globale propose (propose déjà) d’établir des fiches individuelles à partir de l’analyse des courriels, des requêtes dans les moteurs de recherches… Et la loi d’avril 2015, votée dans le cadre de la prévention contre le terrorisme élargit  (élargit déjà) les motifs de surveillance pour des raisons moins précises. Tout est donc déjà en place. Les rappeurs sont les premiers à en faire les frais et l’auteur de ce blog, par exemple, pourrait (pourrait déjà), être rapidement identifié et poursuivi pour « trouble à l’ordre public » ou «  atteinte aux intérêts de la Nation ». L’accord d’un juge n’est plus nécessaire, celui du premier ministre suffit.


Beaucoup plus qu’un argumentaire sans cesse rabâché depuis des décennies et devenu inaudible, cette description d’une application programmatique permet de présenter de façon réaliste un danger réel. La littérature d’anticipation permet de porter un regard critique sur les avenirs possibles. Si le procédé n’est pas nouveau, il a le mérite de l’efficacité. Jérôme Leroy sur le même thème, déjà en 2011, dans son roman noir « Le Bloc » avait imaginé les coulisses d’un parti extrême droite, la veille de son arrivée au pouvoir.

La déroute rapide, économique, internationale, pourtant prédit depuis longtemps, puisque ce programme est purement populiste et absolument irréaliste, conduit à une catastrophe plus grande encore. Les auteurs prennent le parti de sidérer les consciences en refermant leur récit par un second piège, scénario tout aussi plausible.


Mais le destin des Cassandre, des lanceurs d’alerte est hélas bien souvent de n’être pas entendus avant l’avènement de la catastrophe, d’être condamné à la prophétie. Au moins, si pratiquement personne n’a lu le programme du F.N., se contentant de quelques tracts et déclarations, tout le monde peut lire cette bande dessinée et « ne pourra pas dire qu’il ne savait pas ».

 
LA PRÉSIDENTE.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas

François Durpaire et Farid Boudjellal.
164 pages – 20 euros
Éditions des Arènes – Paris – novembre 2015.


Et la suite : 

LA PRÉSIDENTE tome 2 : TOTALITAIRE





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