La Revue Dessinée décline désormais son concept à
destination des adolescents et proposera aux moins de 20 ans avec Topo, tous les deux mois, des
reportages en bandes dessinées.
Le dossier sur Youtube et ses incontournables
youtubeurs en intéressera vraisemblablement plus d’un. L’approche critique est
habile car plutôt que de développer un discours moralisateur, il nous est
proposé de suivre une jeune fille de 14 ans qui veut justement devenir
youtubeuse et de découvrir la réalité d’un système à travers ses rencontres. En s'identifiant au narrateur, le lecteur marquera ses propres
distances face aux faits.
Mais sans doute sa curiosité sera-t-elle moins immédiatement
éveillée par le sujet sur les ventes d’armes aux États-Unis même si Benjamin
Adam a mis tout son talent et son art au service du propos. Il réussit comme
jamais à synthétiser par une utilisation symbolique de l’image qui, associée au
texte de Guillemette Faure, dans une construction qui met en avant les chaines
de causalité, résume très efficacement de longs discours. La reproduction de la
page 42 permettra de parfaitement saisir toute la puissance du procédé :
(Nous l’ôterons bien évidemment sur simple
demande des ayant droits.) On apprend que ce pays de 321 millions d’habitants
compte 357 millions d’armes à feu et que dans certains coins, les enfants de 12 ans ont
plus de facilité à en trouver que des livres. L’origine du second amendement
remonte à une crainte importée par les colons anglais protestants qui redoutaient
d’être persécuté par leur roi catholique et avaient formé des milices. La NRA
est une association incontournable du lobby pro-armes. Par son intermédiaire,
c’est l’industrie de l’armement qui finance les campagnes de tous les
candidats. Il est impossible aux États-Unis aujourd’hui de faire campagne
contre les armes.
Si le portrait d’Angela Merkel (sans image !)
est d’une si froide objectivité qu’il laisse peu de prise à la critique, le
dossier sur les jeux vidéo fait froid dans le dos. Le constat de leur caractère
extrêmement stéréotypé, profondément raciste et sexiste ne surprendra pas mais
le sort réservé à ceux qui tentent de dépasser ces codes (insultes sur les réseaux sociaux, diffusion de leur numéro de téléphone personnel et harcèlement,... ) est tout simplement terrifiant.
Le récit des syriens obligés de quitter leur pays
est touchant et bien conçu. Cependant une relecture plus attentive aurait évité
qu'un homme aient deux filles puis qu'une seule six pages plus loin !
L’accroche de « L’apocalypse selon
Hollywood » est prometteuse : le cinéma catastrophe joue sur les
peurs ancestrales et les États-Unis sont devenus les sauveurs de la planète. Mais hélas il n’en sera plus question dans les sept pages suivantes qui se
contentent d’énumérer quelques films emblématiques de la science fiction, du « Jour où la terre
s’arrêta » à « E.T. », en se référant à chaque fois à
« Indépendance Day », avant de conclure qu’il n’y a que l’argent
qui compte ! Tout bonnement incompréhensible !
Quelques petits problèmes, donc, avec ce premier
numéro un peu décevant. Avis mitigé même s’il est globalement plutôt positif. Trop
de démagogie et pas assez de rigueur ne permettront pas à cette revue de
devenir un véritable outil pour former des esprits critiques.
TOPO – numéro 1
Collectif
148 pages – 12,50 euros
Éditions Topolino – Paris – septembre-octobre 2016
toporevue.fr
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