Pour quoi faire ?

17 novembre 2017

SAISONS - Nouvelles de la ZAD

Ces récits de manifestations nantaises et de la vie quotidienne sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes, n’évoquent que peu les arguments, l’historique et les enjeux de la lutte contre le nouvel aéroport. Ils battent en brèche les clichés, alimentés par la propagande sans scrupule des autorités dont le sommet aura été sans doute atteint par Bruno Lamisse, se présentant comme un vrai faux voisin : « Les zadistes me font penser à Daesh. Ils ont leur étendard, un califat rural. Ils menacent la population. »

Les vrais voisins racontent plutôt « déambulations champêtres ponctuées de rencontres enrichissantes, petit café offert ou simple bonjour, on se sent chez nous sur la zad. Pour beaucoup d’entre nous, c’est l’occasion de redécouvrir notre bocage et sa richesse. La zad ce n’est pas une forteresse isolée, mais au contraire un lieu foisonnant où se construisent des projets de vie basés sur l’échange solidaire. La zad fait partie de la dynamique de vie de nos communes. »

Le 9 janvier 2016, improvisé dans l’urgence après réception des avis d’expulsion, un rassemblement de soutien sur le périphérique nantais réunira 20 000 piétons, 1 000 cyclistes et 450 tracteurs. L’occupation du pont de Cheviré au-delà de la fin officiel et jusque tard dans la nuit, jusqu’à l’intervention des CRS, donnera des sueurs froides au Préfet. Le 27 février, ils seront 60 000.
Le 31 mars, la manifestation contre la loi El Khomri, première d’une longue série, favorisera la rencontre des habitants de la zad avec les lycéens, les étudiants, les syndicalistes. Les murs de la ville s’offriront à l’effervescence et à l’inventivité : « Cassez-vous ou on s’en charge ».
28 août : l’université d’été du PS n’a pas eu lieu mais il a eu droit à un bel enterrement.
Le 8 octobre, 40 000 personnes, en plantant un bâton dans un talus de deux cents mètres de long sur un mètre cinquante de hauteur, font le serment de venir le rechercher et de s’en servir en cas de tentative d’évacuation, comme dans ces rituels de l’âge de pierre exhumés par les archéologues.

Des témoignages sur le quotidien de la vie sur la zad racontent concrètement ce territoire en invention. Les réunions d’Abracadabois cherchent à répondre au besoin en bois de chauffage, de construction et de piquets mais aussi à imaginer les possibilités de favoriser dans les décennies à venir le maintien d’une forêt composite. Les bûcherons soupçonnés de vouloir remodeler la nature en y calquant des schémas perçus comme productivistes, s’opposent à ceux qui se voient accusés de la sacraliser comme un musée inhabitable auquel il ne faudrait pas toucher.
Le récit d’une réunion avec une trentaine de syndicalistes de la CGT, venus avec viennoiseries et muscadet, est un des plus intéressants. On comprend les préjugés qu’il a fallu surmonter des deux côtés. Alors que la zad était un gros mot il y a peu, une section CGT-Vinci remet maintenant en cause la chantage à l’emploi. On comprend le chemin parcouru.

En quelques lignes disséminées, l’évolution des attitudes des différents gouvernements est résumée. La stratégie du nouveau, avec sa proposition de médiation, est de séparer la question de l’aéroport de celle de la zad pour tenter de briser les liens qui s’y sont tissés. « Nous savons tous que ce que nous aurons à arracher demain sera le maintien de l’usage commun d’un territoire insoumis et ouvert, qui en inspire d’autres. »
On trouve aussi des informations qui nous avaient échappée comme cet ancien préfet de Loire-Atlantique embauché depuis par Vinci.

La zad n’est plus un sigle sous les plumes de cette Mauvais troupe, mais un nom commun qui espère le devenir plus encore.

Oui, Monsieur Valls, les habitants de Notre-Dames-des-Landes s’opposent à l’autorité de l’État. Les lois de la République ne s’y appliquent pas car d’autres, plus justes, les ont remplacé. Et ce n’est qu’un début.
Oui, Monsieur Retailleau, comme vous l’avez si bien expliqué, « si l’aéroport ne se fait pas, la zad deviendra la base arrière de toutes les guérillas contre les projets de ce type en France. » Et au-delà.



SAISONS - Nouvelles de la ZAD
Mauvaise Troupe
106 pages – 6 euros
Éditions L’Éclat – Collection « Premier secours » – Paris – Septembre 2017



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