Pour quoi faire ?

29 mars 2024

SEMENCES SOUS INFLUENCES

Si les semences ont depuis toujours fait l'objet de sélection, l'industrie s’applique désormais à créer des variétés, dans une course effrénée au productivisme et au contrôle de leur utilisation. Depuis quelques temps, un mouvement de résistance s’est mis en branle pour le droit d’usage des semences anciennes. Renaud de Heyn a enquêté… depuis le néolithique.

L’agriculture industrielle est responsable d’innombrables dégâts qui conduisent à « l’agonie des terres agricoles ». Alors que depuis toujours les cultivateurs ont trié et choisi les graines des plantes qu’ils souhaitaient reproduire, après la Seconde Guerre mondiale, la recherche publique, dans un souci de rendement, a entrepris de créer des « variétés modernes », plus productives et mieux adaptées à une agriculture mécanisée. Si le « catalogue officiel » a été institué en 1932, à partir de 1949, seules les semences homologuées furent désormais autorisées à la vente. S’ils ont conservé le droit de multiplier et d'échanger les semences issus de leur propre sélection, les agriculteurs ont peu à peu abandonné ces variétés locales. Puis, dans les années 1960, les semenciers privées ont développé leurs propres variétés modernes, protégées par un Certificat d'Obtention Végétale (COV), créé en 1961. Ils ont défini les critères de contrôle suivant les besoins de l'industrialisation : homogénéité, stabilité, valeur agronomique (rendement et résistance), valeur technologique (potentiel d’exploitation). Une « épuration génétique de la plante est menée jusqu'aux limites de sa dégénérescence ». Sont ainsi développées des lignées pures, par croisement des variétés hybrides qui perdent leurs propriétés lorsqu'elles sont re-semées, contraignant les agriculteurs à acheter des semences tous les ans, assurant une rente aux semenciers. Ces variétés modernes, particulièrement vulnérables, sont également développées dans la dépendance aux produits chimiques. « L'industrie agrochimique est devenue toute puissante dans le secteur de la semence. » À la fin des années 1990, le développement des OGM, mis en lumière par l’action des faucheurs volontaires, suscite de plus en plus de méfiance. Créé en 2003, le réseau Semences paysannes propose de « retrouver une autonomie semencière » et de « développer une alternative à l’agro-industrie ». Les paysans qui les utilisent retrouvent des techniques et bricolent des outils pour obtenir des rendements tout à fait honorables.


Les « variétés population » sont constituées de plusieurs variétés qui se croisent entre elles et s’adaptent naturellement au sol et au terroir. Renaud de Heyn a interrogé plusieurs acteurs adeptes de ces alternatives et raconte le long combat de Dominique Guillet, fondateur de Terres de Semences, puis de Kokopelli, pour la libre commercialisation de ses semences, en se confrontant aux limites légales et aux tribunaux. Il décrit aussi l’omniprésence des lobbyistes à Bruxelles.


Documentaire exceptionnel qui expose très simplement, mais avec force précisions, les enjeux du combat pour le droit d’utiliser des semences anciennes.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier

 

SEMENCES SOUS INFLUENCES
Renaud de Heyn
80 pages – 17 euros
Éditions La Boîte à bulles – Saint-Avertin (37) – Avril 1923
www.la-boite-a-bulles.com/serie/348

 

 

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