Solange, mère de famille, ouvrière horlogère chez
LIP, peu ou pas politisée, va participer avec ses collègues aux manifestations
pour la défense de leurs emplois, aux premières réductions de cadence puis à
l’occupation de l’usine. Les dirigeants ayant organisé sournoisement le
démantèlement de leur entreprise, les ouvriers s’organisent : « On fabrique.
On vend. On se paye. »
Comme cette expérience collectiviste doit
absolument échouer pour ne surtout pas devenir exemplaire, le gouvernement à la
solde du patronat, va s’acharner à saboter le projet d’autant qu’il est
extrêmement populaire, médiatisé au niveau national.
Ceci se passait en 1973 et 74 mais résonne d’un écho
terriblement actuel.
Le regard de Solange, par son journal puis par ses
photos, apporte une approche très intimiste au drame collectif et beaucoup
d’émotions, au delà du récit factuel.
Une grande réussite. Un témoignage essentiel sur une
aventure humaine qui promettait de changer la société, sur un défi relevé par
des « héros ordinaires ».
Le témoignage de Claude Neuschwander (P.D.G. de LIP
de1974 à 76) qui suit la bande dessinée est édifiant. Il raconte l’assassinat
programmé de l’entreprise par ses actionnaires avec la complicité active du
ministre de l’Industrie de l’époque. Il fait un parallèle avec Florange et
Arcelor Mital. LIP aussi avait été rachetée par un concurrent, suisse, qui
souhaité purement et simplement sacrifier l’entreprise dans un but spéculatif.
Il décrit une société mondialisée où l’actionnaire est le seul bénéficiaire de
l’activité des entreprises et appelle à un changement urgent.
La préface de Mélenchon n’apporte pas grand chose si
ce n’est un brin d’analyse et de contextualisation que le récit en bande
dessinée exprime déjà largement de façon implicite.
LIP - Des héros ordinaires.
Laurent Galandon et Damien Vidal
Préface de Jean-Luc Mélenchon
182 pages – 19,99 euros.
Éditions Dargaud – Paris – mars 2014
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