Il reproche à la presse d’être « au bord de la corruption » et d’avoir « une influence plus grande et plus pernicieuse que n’en eut jamais l’Église dans les pires moments de son histoire », aux juges et aux avocats d’échapper au questionnement moral, par opportunisme, en ne s’intéressant qu’à la constitutionnalité de cette loi. « Je tiens à rappeler à mes compatriotes qu’ils doivent d’abord être des hommes et, plus tard, à l’heure qu’il convient, ils peuvent être des Américains. À quoi bon la valeur de la loi qui protège votre bien et vous offre tout juste de quoi vivre, si elle n’entretient pas en vous des sentiments humains ? » Il les enjoint de dissoudre leur union avec cet État tant que celui-ci n’aura pas dissout la sienne avec les propriétaires d’esclaves. Lui même a cru qu’il pourrait arriver à vivre ici en s’occupant de ses seules affaires privées et en oubliant le gouvernement mais « qui peut-être serein dans un pays où gouvernants et gouvernés sont dénués de principes ? »
L’introduction de Michel Granger éclaire le contexte, l’histoire complexe des États-Unis qui accorde une place centrale à la liberté dans son roman national tout en tolérant la propriété d’êtres humains au nom de compromis politiques et économiques avec le Sud esclavagiste. Il expose également l’évolution de la pensée de Thoreau qui alternait les phases d’engagement avec les périodes de retrait et de silence : appel à la désobéissance civile et refus de payer ses impôts lors de l’annexion du Texas, appel à une opposition active dans le texte présent puis, à la violence collective armée avec la défense de John Brown.
L’ESCLAVAGE AU MASSACHUSETTS
Henry D. Thoreau
Traduction de Nicole Mallet
Introduction de Michel Granger
98 pages – 3 euros
Éditions Le Mot et le reste – Paris – Septembre 2018
https://lemotetlereste.com/
Du même auteur :
LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE.
DE L’ESCLAVAGE : PLAIDOYER POUR JOHN BROWN
LE PARADIS À (RE)CONQUÉRIR
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