En 1525, en Allemagne, le moine Martin Luther s’insurge contre la vente des indulgences par l’Église pour financer la construction de la Basilique Saint-Pierre de Rome. Le prêtre Thomas Müntzer le suit et appelle au soulèvement contre les seigneurs qui exploitent les paysans. Alors que châteaux et monastères sont pillés et incendiés, le premier se range du côté des princes tandis que le second prend la tête de la révolte et lance le mot d’ordre : Omnia sunt communia.
Luca Ponti, fils illégitime de Jules Médicis et apprenti dans l’atelier de maître Raphaël, est envoyé par le Pape Léon X pour être ses yeux et ses oreilles, observer les transactions et les événements, lui adresser des rapports, et après deux mois de voyage il arrive à Wittenberg, sur les bords de l’Elbe. Son savoir, pour les Écritures notamment, et son talent de dessinateur attirent l’attention, lui permettent de gagner la confiance des différents protagonistes et de les accompagner.
Ce parti pris incarné permet de donner chair au récit historique. Le scénario de Gérard Mordillat qui a longtemps porté cette histoire pour un projet de long métrage avec Roberto Rosselini, est superbement mis en images par Éric Liberge : son trait, fort classique, convient parfaitement à cette fresque historique. Il a su donner vie à ces foules populaires, des visages à ces multiples anonymes, s’inspirant en toute discrétion des scènes de liesses peintes par Brueghel comme des danses macabres.
Les ambiguïtés de cette Réforme qui pactise avec le pouvoir sans jamais menacer l’ordre établi, sont finalement intemporelles : dès que le peuple veut se mêler de ses affaires et de son avenir, exige plus d’équité, il sera toujours et aussitôt violemment réprimé. « Voyez donc le comble de l’usure, du vol et du brigandage. Voilà nos seigneurs, nos princes qui s’approprient toute créature, poissons dans l’eau, oiseaux dans l’air, végétation sur la terre, il faut que tout leur appartienne. Ainsi voyons-nous à présent opprimer tous les hommes, le pauvre laboureur, le pauvre artisan s’écorcher pour vivre. »
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
LA GUERRE DES PAYSANS
Éric Liberge et Gérard Mordillat
120 pages – 22 euros
Éditions Futuropolis – Paris – Septembre 2022
www.futuropolis.fr/9782754830416/la-guerre-des-paysans.html
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