23 décembre 2019

L’UTOPIE RACONTÉE AUX ENFANTS


Un projet politique qui mobilise des énergies, le rêve d’une société égalitaire et juste (par exemple), peuvent être qualifiés d’utopie. La littérature jeunesse se prête particulièrement à ces descriptions, vecteur de contestation et de subversion ou consolidation du statu quo par la fabrication d’une inquiétude en donnant à lire des descriptions certes romanesques mais chaotiques et peu rassurantes.
Quelques ouvrages, plus ou moins récents, ont retenu notre attention.



UTOPIA
Simon Bailly
D’après Thomas More
88 pages – 20 euros
Éditions L’Agrume – Paris  – Octobre 2019
À partir de 7 ans ?

Thomas, l’écrivain du roi, doit s’enfuir après avoir refuser de rédiger un nouveau texte de loi prévoyant d’augmenter les taxes pour financer la construction d’un second château. Il se réfugie sur « une île formidable, où les princes et les paysans dînent à la même table », « où chacun travaille pour nourrir la bouche de l’autre » et où l’argent n’a aucune valeur. Sur l’île d’Utopia.
Cette très libre adaptation du texte de Thomas More permet aux jeunes lecteurs de comprendre ce que sont le despotisme qui soumet les peuples aux décisions arbitraires d’un tyran, et une société égalitaire dans laquelle ont disparu la propriété et l’argent. La démonstration est plutôt fidèle et si les accusations ont quelque peu perdu leur mordant et leur férocité, elles ont peut-être gagné en évidence.

Voir bien sûr :
L’UTOPIE de Thomas More



MACAO ET COSMAGE OU L’EXPÉRIENCE DU BONHEUR
Edy-Legrand
58 pages – 27,50 euros
Éditions Circonflexe – Collection « Aux couleurs du monde » – Paris – Novembre 2016
Première édition : 1919
À partir de 7 ans ?

Macao et Cosmage vivaient un « éternel printemps » sur une île fantastique, entourés d’animaux, de fleurs merveilleuses et de fruits savoureux, dans l’insouciance de l’état de nature rousseauiste, jusqu’à l’arrivée de « la bienheureuse Civilisation ». Colons, savants, soldats, fonctionnaires, industriels, touristes leur apportent le Progrès, promesse du Bonheur. Autant que le sens de ce développement, le propos interroge la nécessité du travail. « Vous vivez à l’époque des grandes inventions ; l’activité humaine, sous toutes ses formes, est sans limites ! Le bonheur est dans le travail ! » explique le jeune gouverneur « actif et énergique ». « Je n’entends rien à votre travail », lui répond Macao, « Je suis trop vieux pour apprendre. »
Sublimes illustrations.








D’ICI LÀ, UN GENRE D’UTOPIE
Christian Bruel et Katy Couprie
80 pages – 23,80 euros
Éditions Thierry Magnier – Paris – Novembre 2016


Des adolescents, membres d’une compagnie de théâtre de rue, grandissent et éprouvent leurs sentiment dans une société où les technologies ont fusionné avec le vivant, brassant les genres. Cyborgs et androïdes cohabitent avec des humains et des animaux augmentés. La Horde, milice officieuse, assure le maintien de l’ordre moral du Vieux monde. L’utopie est dans l’éternel espoir des rebelles en lutte contre une société normée.

S’il y a là matière à roman, c’est la forme album que les auteurs ont retenue. Les illustrations de Katy Couprie, déroutants montages expérimentaux d’images pixellisées, ne sont pas faites pour séduire mais pour projeter le lecteur dans un futur proche et pourtant inimaginable.

Scénario somme toute assez classique et plutôt bien ficelé.





TERRE LIBRE – Les Pionniers
Jean Grave
182 pages – 15 euros
Éditions Noir & Rouge – Collection « Libertés enfantines » – Paris – Août 2015
Première publication aux éditions des Temps Nouveaux en 1908.

Une robinsonnade sert de prétexte à la description de l’instauration d’un société anarchiste. Commande du pédagogue Francisco Ferrer pour son École moderne.
Compte rendu de lecture complet ici.




Lire aussi l'article paru dans le numéro 329 d'Alternative libertaire : www.unioncommunistelibertaire.org/?Litterature-jeunesse-L-utopie-racontee-aux-enfants


Voir aussi :

PARLER DES RÉFUGIÉS AUX ENFANTS

MAI 68 ET LA LUTTE DES CLASSES EXPLIQUÉS AUX ENFANTS




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