Consciencieux, Carlos s’investit toujours plus, souvent au détriment de son couple et de sa famille.
Du jour au lendemain, on l’envoie en Argentine pour rationaliser la production, sans aucune préparation ni information. Puis, au lieu de le laisser poursuivre ce qu’il a finit par comprendre et maîtriser, on l’envoie en Roumanie où les ouvriers tournent en permanence parce qu’ils sont sous-payés. Refusant de repartir (pour un an !), il est mis au placard. Alors, pour regagner la confiance de sa hiérarchie, il passe ses nuits et ses week-ends à rédiger un manuel de formation de 300 pages qui permettrait aux ouvriers roumains de comprendre ce qu’ils font. La fracture s’élargit et une folle spirale finit par l’emporter.
Sa dérive, son enfermement progressif se comprennent aussi par le regard de ses collègues et de sa femme avec laquelle les relations sont de plus en plus tendus tant le travail envahit leur vie quotidienne. Au-delà de ce destin individuel, c’est toute la violence de l’organisation du travail qui est mise à nu, avec les souffrances qu’engendrent ses pratiques, et qui peuvent s’avérer mortelles. Édifiante démonstration par l’exemple.
LE TRAVAIL M’A TUÉ
Grégory Mardon, Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande
120 pages – 19 euros
Éditions Futuropolis – Paris – Juin 2019
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