L’armée a le pouvoir à Alger mais elle ne l’exerce ni selon les lois de la République « que même les « pouvoirs spéciaux », votés en mars 1956 avec le concours des députés communistes, n’ont pas abolies », ni selon les lois de la guerre qui exigent que l’intégrité physique des prisonniers soit respectée. « Dans cette guerre du renseignement, le renseignement s’obtient avant tout par la torture, qui est systématique. »
C’est en historien que Pierre Vidal-Naquet se penche sur cette affaire, s’efforçant d’en « lire les textes sans préjugés » et de n’écarter « a priori aucune hypothèse ». L’examen des pièces du dossier révèle de nombreuses invraisemblances et de troublantes contradictions : pas de mandat d’arrêt mais une assignation à résidence annulée, un bulletin de recherche tardif, un rapport d’évasion très incohérent (la jeep qui aurait transporté Audin aurait parcouru 600 mètres en 10 minutes !), des sanctions modestes. C’est pourquoi il privilégie la thèse d’une évasion jouée, en l’absence du prisonnier, sans doute décédé lors d’une séance de torture.
Cette édition complète le texte principal et initial du récit des développements judiciaires et politiques postérieurs, rapportés avec une grande rigueur, notamment les nombreuses tentatives d’enterrer l’affaire.
L’AFFAIRE AUDIN (1957-1978)
Pierre Vidal-Naquet
194 pages – 10,50 euros
Les Éditions de Minuit – Collection Documents – Paris – Octobre 1989
Première publication : mai 1958
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