Avec un humour plus noir que les esclaves des plantations, un cynisme constant mais assorti d’une rigueur historique et d’un sens du raccourci radical, il enchaîne les clichés sans soucis du politiquement correct. Ainsi « pour arroser leurs conquêtes, les Espingouins faisaient de grandes fêtes où ils mangeaient de la paëlla, une nourriture infecte avec des bouts de coquilles de moules ». « Les indiens d’Amérique du Nord étaient différents. Tout ce qu’ils savaient faire, c’était courir le bison ou dormir dans des huttes remplies de viandes séchées, bonjour l’odeur. » Et beaucoup plus récemment, Ben Laden « eut alors l’idée d’une collection de prêt-à-porter pour émanciper les femmes. Il nomma cette ligne de vêtements Al-Qaïda, ce qui en arabe veut dire “ni putes ni soumises“ ». Les dessins sont là, en contrepoint, pour raconter autre chose de jamais très éloigné pour autant.
Ce ton à l’emporte-pièce ne fera sans doute pas rire tout le monde et d’ailleurs : « Peut-on réellement rire de tout avec tout le monde ? », comme disait Pierre Desproges qui pratiqua beaucoup cet humour « transgressif ». Il est possible au demeurant que les racistes ne soient guère sensibles à cette subtile notion de (second) degré. Grégory Jarry et Otto T. ont toutefois affiné leur procédé narratif de décalage avec leurs « petites histoires » suivantes (de la colonisation, de la Révolution française).
Bref, c’est drôle et instructif.
PETITE HISTOIRE DU GRAND TEXAS
Grégory Jarry et Otto T.
42 pages – 13 euros
Éditions FLBLB – Poitiers – Juin 2012
Première parution : Mars 2005
www.flblb.com
Voir aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire