La Première Guerre mondiale est née de la rivalité coloniale entre grandes puissances européennes dont le front s’est déplacé à l’intérieur même de l’Europe. La France envoya dans les tranchées, souvent en première ligne, 600 000 hommes venus de tous l’Empire et 300 000 autres furent embauchés dans les usines, pour remplacer les ouvriers mobilisés.
En 1921 le Guerre du Rif représente le premier soulèvement conséquent contre les autorités coloniales, écrasé par le maréchal Pétain et le général Franco. 150 000 civils périrent, notamment sous les bombardements au gaz moutarde. Une autre rébellion s’étendit à toute l’Afrique Équatoriale Française (AEF) et au Cameroun. Si les faits rapportés sont toujours sérieux et véridique, le ton demeure résolument caustique : « Nous avons tué 10% des gens qui vivaient dans ces contrées. C’est pitoyable. Nous aurions dû en tuer beaucoup moins. Nous nous nous arrangeâmes pour qu’aucun livre d’histoire ne mentionne jamais ces événements. Que le pays civilisé qui ne l’a jamais fait nous jette la première pierre. » C’est une autre lecture de l’Histoire de France que proposent les auteurs, mettant en avant des événements souvent minimisés ou ignorés.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle s’appuya sur les colonies pour organiser la libération : 350 000 indigènes débarquèrent en Provence et en Italie du Sud. Difficile par la suite, de leur refuser leur propre libération mais ce ne fut pourtant jamais sans violence. Les guerres d’Indochine, d’Algérie sont racontées, dans toute leur absurdité : tandis que les jeunes français, jusqu’à 500 000, étaient envoyés se battre en Algérie, 400 000 algériens sont venus faire tourner les usines, finançant le FLN grâce à leur paye ! Le 17 octobre 1961, une manifestation de 30 000 algériens brava, dans les rues de Paris, le couvre-feu. « Le préfet de police Maurice Papon jugea qu’ils dépassaient les bornes. Il se rua sur la foule avec un gourdin, tua 2 000 manifestants, fit plusieurs milliers de blessés et procéda à 12 000 arrestations. Comme il agissait seul, il ne s’en vanta pas et on ne l’apprit qu’après sa mort. » « En 1998, il fut condamné pour avoir envoyé des juifs dans les camps entre 1942 et 1944, ce qui prouve que c’était quand même une belle ordure. » Ne cessant d’appeler un chat un chat, Grégory Jarry et Otto T. expliquent le coup d’État de 1958, avec l’instauration du suffrage universel direct « pour faire taire les chipoteurs ». Les indépendances se succèdent, non sans accords pour préserver « nos intérêts économiques, géostratégiques et le petit frisson qui accompagne la domination des peuples sous-développés » : Maroc, Tunisie, Madagascar (après la terrible répression de 1947). « En quelque sorte, la décolonisation fut la privatisation de la colonisation. » « Nous étions redevenus le pays des droits de l’homme, nous pouvions sans rougir répandre la francophonie partout sur la planète. »
C’est drôle et toujours aussi instructif.
PETITE HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES – Tome 3 : La décolonisation
Grégory Jarry et Otto T.
98 pages – 13 euros.
Éditions FLBLB – Poitiers – Novembre 2009
www.flblb.com
Des mêmes auteurs :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire