Dans les quatre articles repris dans ce recueil, Simone Weil raconte son expérience à l’usine : la fatigue, la soumission inévitable, la faim. En 1936, avant même la nomination du gouvernement de Front Populaire, elle participe aux premières grèves et décrit ce plaisir : « Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes, pendant quelques jours. Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange. »
Au-delà du simple compte-rendu journalistique, elle suggère des revendications tirées de ses observations et de son expérience directe pour une amélioration effective et durable de la condition ouvrière. Elle recense différents points à remédier :
- le salaire à la pièce qui pénalise celui qui travaille sur une machine défectueuse ou qui tombe en panne,
- les cadences inhumaines,
- la subordination qui repose sur la terreur et la contrainte,
- l’autorité arbitraire et exorbitante des supérieurs immédiats,
- la passivité et la succession machinale des gestes,
- l’absence complète de responsabilité et d’initiative.
Si elle encourage les ouvriers à utiliser leur nouvelle arme, l’occupation des usines, elle les met également en garde contre l’utilisation de ce « désordre » par le parti communiste pour faire pression sur le gouvernement en matière de politique extérieure d’une part et par le patronat pour effrayer la population sans conscience révolutionnaire et les rejeter vers le fascisme d’autre part.
Ses critiques sont étayées et constructives. Car « cet avenir, il ne faut pas l’attendre, il faut le faire. »
GRÈVES ET JOIE PURE
Une arme nouvelle : les occupations d’usine, 1936
Simone Weil
Préface de Charles Jacquier
82 pages – 7 euros
Éditions Libertalia - Collection « À boulets rouges » – Paris – mai 2016
www.editionslibertalia.com
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