Sarkozy et ses suiveurs détestables, ont libéré en France la parole raciste en instrumentalisant à des fins politiciennes l’identité nationale. En des termes fermes et percutants, Charb relate cet épisode où tout a basculer, où toute retenue a disparu.
« Lorsque la plus haute autorité de l’État s’adresse aux cons et aux salauds en leur disant « Lâchez-vous les gars », que croyez-vous que font les cons et les salauds ? Ils se mettent à dire publiquement ce qu’ils se contentaient, jusque-là, de beugler à la fin des repas de famille trop arrosés. »
Tant bien que mal contenue depuis quelques décennies, la parole raciste s’est non seulement répandue ouvertement dans les médias et l’espace public mais elle a changé de nom.
Charb dénonce ceux qui ont imposé le terme « islamophobe » pour caractérisé un racisme. C’est toujours l’origine étrangère de la victime qui est attaquée ou stigmatisée et non pas son appartenance supposée à une religion. Il s’agit bien de pousser les victimes à s’identifier comme membres d’une communauté religieuse et de désigner une religion précise comme victime.
Croire c’est considérer son Dieu comme le seul et véritable, en avoir peur, c’est prendre au pied de la lettre ce qui est écrit dans Son Livre. « Le problème ce n’est ni le Coran ni la Bible, romans soporifiques, incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d’une étagère Ikea. »
Seul un croyant peut blasphémer, c’est-à-dire outrager ce qu’il considère sacré. La stratégie des communautaristes est d’élargir la notion de blasphème à tous, en l’associant à l’islamophobie. Par ailleurs, si Dieu existe, a-t-il réellement besoin de la justice des hommes pour se défendre ?
Les journalistes sont complices de la popularité de ce terme, par fainéantise et par intérêt commercial : la peur fait vendre. L’épisode des caricatures de Mahomet a été monté en épingle par ces deux familles de boutiquiers.
Par calcul électoraliste, les politiques s’adressent à des supposés communautés homogènes qu’ils pensent pouvoir séduire globalement.
De la même façon, ceux qui ont traité les dessinateurs de Charlie Hebdo d’irresponsables font le jeu des responsables associatifs qui les ont, de leur côté, trainés en justice par totale mauvaise foi puisqu’ils sur-interprétaient leurs caricatures : tous leur demandent d’obéir à une prétendue loi religieuse plutôt qu’aux lois de la République. En France, une extrême minorité de radicaux a confisqué la parole de l’islam. En leur cédant par peur, on accepte l’autorité de cette « poignée d’aboyeurs » qui ne représentent qu’eux-mêmes.
Les intégristes catholiques jaloux de leur succès, utilisèrent à leur tour l’expression « cathophobie » pour dénoncer un prétendu racisme anti-français.
Charb analyse avec patience, minutie et une certaine liberté de parole, la propagande intégriste qui récupère toute critique envers les extrémismes religieux, y compris ceux qui prônent la violence terroriste, pour l’assimiler à un racisme.
Une parole salutaire qui manque assurément en ces temps troubles.
À lire d’autant plus qu’on cherche ces jours-ci à interdire les représentations de ce texte.
LETTRE AUX ESCROCS DE L’ISLAMOPHOBIE QUI FONT LE JEU DES RACISTES
Charb.
Éditions Les échappés – Paris – avril 2015.
96 pages – 13,90 euros
https://lesechappes.com/
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