Récit pour le moins pittoresque d’un journaliste indépendant américain dans le Mexique révolutionnaire. John Reed suit les guérilleros et raconte leur quotidien haut en couleurs dans des tableaux expressifs et plein de saveurs, avec force passion et lyrisme.
Il accompagne l’armée constitutionnaliste dans ses déplacements et décrit un à un ses compañeros avec leurs cartouchières croisées, leur équipement hétéroclite et leurs femmes qui suivent le convoi pour les nourrir. Les affrontements ne font pas quartiers et pourtant ce n’est pas l’horreur que l’on retient mais une espèce de folie presque joyeuse, une rage de vie, d’une autre vie, plus forte que la mort.
Il traverse le pays en train, entre un général qui rejoint le front avec ses cages d’alouettes des prairies et des combats de coqs improvisés.
La musique et les chansons sont omniprésentes Les bals s’improvisent à tout moment. Les pistolets ne sont jamais loin et surgissent en permanence, à la moindre contrariété. On ne compte plus les morts, même en dehors des combats. Au Mexique la vie d’un homme ne vaut pas grand chose.
Le portrait qu’il brosse de Francisco Villa est celui d’un mythe vivant dont le nom seul fait fuir les troupes fédérales et l’apparition galvanise les hommes. Il lui confiera que lorsque la nouvelle République sera établie, il n’y aura plus d’armée au Mexique, qu’il la mettra au travail. Sans armée, plus de dictateur. Si aux États-Unis la liberté est le droit de faire ce que commande la justice, ici c’est pouvoir faire ce que l’on veut. La paix est le respect du droit des autres. Refusant de devenir gouverneur ou président car jugent son analphabétisme comme un handicap pour ces fonctions, il promulgua cependant un décret concédant 25 hectares de terres confisquées à chaque citoyen mâle de l’État du Chihuahua, inaliénables pendant dix ans. Ignorant des lois de la guerre, il fut reconnu comme un stratège remarquable.
Sa rencontre, unique, avec Carranza, cloitré, mutique et soudainement loquace et colérique, est tout simplement hallucinante, improbable.
Ce recueil d’articles donne chairs à la réalité historique de la Révolution mexicaine. John Reed se contente de décrire ce qu’il voit, ce qu’il vit. Les balles et les obus sifflent. On ira chercher ailleurs chronologies et analyses.
LE MEXIQUE INSURGÉ
John Reed
Traduit de l’américain par François Maspero
322 pages – 5 euros.
Éditions du Seuil – Paris – octobre 1996
Première édition française 1975
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