17 mars 2018

AVENIR RADIEUX - Une Fission française

Interprétant 23 personnages, Nicolas Lambert raconte avec cette pièce de théâtre l’histoire du nucléaire français, rassemblant des extraits de discours, d’interviews et de réunions.

Si les débats publics sont obligatoires avant l’ouverture de tout nouveau site nucléaire, ils sont fort mal annoncés et souvent organisés plusieurs mois après que la décision officielle ait été prise. La parole des experts verrouille les discussions. Aucune réponse n’est apportée ni à l’élue de la mairie d’Amiens qui voudrait être informée des transports radioactifs sur sa commune, ni à l’employé précarisé qui alerte de ne pouvoir garantir un haut niveau de sécurité alors qu’il est obligé de dormir dans sa voiture. La langue de bois s’abrite derrière les réglementations, qui ne sont pas toujours respectées notamment en matière de transparence. Énergie propre, secteur créateur d’emplois, les arguments sont rodés.

Pierre Guillaumat, fondateur de la compagnie Elf chargée d’assurer l’indépendance énergétique de la France, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), avoue qu’il n’y a jamais eu de « bifurcation entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. » Il rappelle que le Traité de Rome signé le 25 mars 1957, en comportait en vérité deux : celui, bien connu, qui fonda la Communauté économique européenne et un second sur la communauté atomique, Euratom, qui impliquait la création d’une usine de séparation isotopique (avec arrière-pensée militaire).

On ne nous précise jamais que la gestion des déchets, confiée à l’ANDRA, concerne un million de mètres cubes répartis sur 1121 sites. De même, il est rare que soit rappelé que derrière le savoir-faire technologique français, nos cinquante-huit réacteurs, construits sous la marque Framatome (Franco-américaine de constructions atomiques), sont en réalité sous licence américaine PWR de Westinghouse.
Anne-Aymone Giscard d’Estaing, l’épouse du président de la République qui a développé le programme nucléaire civil français, décidé par Georges Pompidou, était la petite-fille d’Eugène Schneider, fondateur de la dynastie à l’origine du groupe industriel du Creusot qui développa la technologie de l’ensemble des réacteurs.

Eurodif, l’usine qui produit l’uranium enrichi pour le quart des réacteurs de la planète, a été financée, en 1974, par un prêt d’un milliard de dollars consenti par l’Iran, contre 10% des parts de la société, 10% de l’uranium produit et la livraison de deux réacteurs. Mais l’installation de l’ayatollah Khomeiny et l’ampleur prise par la Révolution islamique poussa la France à revenir sur ses engagements. Les prises d’otages au Liban et la série d’attentats à Paris en 1985 et 1986 obligeront la France à rembourser une partie du prêt. L’Iran restera actionnaire d’Eurodif jusqu’en juin 2012, date de la fermeture de l’usine et son remplacement par une autre moins énergivore. À plein régime, elle avait besoin de 3 000 mégawatts, c’est-à-dire la quasi-totalité de la production électrique de trois des quatre réacteurs du Tricastin.


En France, les collectivités ont l'obligation de fournir des pastilles d'iode à toutes les populations résidant à moins de 10 kilomètres d'une centrale. L'OMS préconise cette précaution sur un rayon de... 500 kilomètres.

C’est vrai que ces faits sont rarement évoqués dans les médias. C’est vrai aussi qu’EDF et AREVA dépense 100 millions d’euros par an en publicité dans ces médias. 

Un condensé d’informations capitales.



AVENIR RADIEUX
Une Fission française
Nicolas Lambert
130 pages – 10 euros
Éditions L’Échappée – Paris – Juin 2012

www.lechappee.org


Voir aussi :

SOLEIL TROMPEUR - ITER ou le fantasme de l’énergie illimitée

 

 

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