19 mars 2018

LE VERFÜGBAR AUX ENFERS - Une opérette à Ravensbrück

Déportée à Ravensbrück, l’anthropologue Germaine Tillion écrit avec et pour ses co-détenues cette opérette. Elle leur propose de rire d’elles-mêmes et de leur condition.

Un naturaliste entreprend de décrire une « nouvelle espèce zoologique », celle des « Verfügbar », qui signifie disponible, « en dialecte germani-con », et désigne les prisonnières qui décident de ne s’inscrire dans aucune colonne de travail, devenant corvéables à merci. Son exposé, sans cesse entrecoupé de chants parodiques, décrit l’univers concentrationnaire sur un mode loufoque qui établit une distance supportable avec la réalité. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, le parti pris comique prétend créer une communauté plus à même d’envisager sa survie. Tourner en dérision la situation pour la rendre collectivement plus supportable, tel est le pari de ce texte. L’autodérision utilisé comme moyen de défense. Évidemment interdites er clandestines, les représentations n’étaient destinées qu’aux seules détenues. L’humour noir n’était qu’à elles adressé, comme acte de résistance.
Les très nombreuses références littéraires (La Fontaine, Le Cid,…) sont là comme pour maintenir coûte que coûte une identité culturelle face à la barbarie. Il s’agit de réagir par tous les moyens au processus de déshumanisation.

Une création quasi-sociologique sur un mode comique.



 
LE VERFÜGBAR AUX ENFERS
Une opérette à Ravensbrück
Germaine Tillion
228 pages – 30 euros
Éditions de la Martinière – Paris – Avril 2005
128 pages – 5,40 euros
Éditions du Seuil – Collection « Point » – Paris – Octobre 2007

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