13 novembre 2017

LE MAÎTRE D’ÉCOLE

Un enfant raconte comment son père, humilié par son ignorance, l’a envoyé à Barbiara, chez le prêtre qui apprend à lire et à écrire aux enfants de paysans. Au lieu de dire les choses, Don Lorenzo s’arrangeait pour les faire dire et leur donnait à lire le journal. « Chaque mot que vous n’apprenez pas est une arnaque de plus, un coup de pied au cul que vous recevrez demain. »
Il leur demandait écrire des lettres avec « des phrases comme celle-ci, qui à force de les relire, te font tourner la tête et te sentir important » : « Il faut avoir le courage de dire aux jeunes gens qu’ils sont tous souverains, que pour eux l’obéissance n’est plus une vertu, mais la plus trompeuse des tentations afin qu’ils ne croient pas pouvoir s’en faire un bouclier, ni devant les hommes ni devant Dieu, et qu’ils doivent se sentir, chacun, l’unique responsable de tout. »

Dans l’Italie fasciste où l’école exclut délibérément, « recale » systématiquement les enfants d’ouvriers et de paysans pour maintenir constante et disponible une importante classe laborieuse, il a décidé de réaliser « une école comme il n’en avait jamais existé, une école comme devrait être toutes les écoles. » Il a choisi d’instruire les exclus. Et chez ses élèves il a su éveiller une conscience politique doublée d’une capacité collective d’expression exceptionnelle. Les journaux publieront leurs lettres et l’une d’elle sera traduite dans le monde entier.
Un très bel album pour inviter à réfléchir sur ce qu’est l’école, sur son rôle dans la société, sur ce qu’elle devrait être. Puisse la conscience lucide de ces enfants, servir d’exemple à ceux que notre monde conditionne de plus en plus tôt à devenir des consommateurs.




LE MAÎTRE D’ÉCOLE
Fabrizio Silei, Simone Massi
56 pages – 15,90 euros
Éditions L’Âne bâté – Dijon – Septembre 2017
https://www.anebate-editions.fr/



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