Jonathan Swift (1667-1745), auteur irlandais des Voyages de Gulliver, publia aussi de nombreux pamphlets. Dans cette tribune, il
propose, chiffrage à l’appui, une prise en charge des enfants pauvres de plus
d’un an pour qu’ils cessent de leur être un fardeau et puissent contribuer à
nourrir des multitudes.
En effet, explique-t-il, en bonne santé et bien
nourri, un enfant constitue un mets délicieux, nutritif et sain, qu’il soit
cuit en daube, au pot, rôti à la broche ou au four, en fricassé ou en ragoût. « Ce
comestible se révélera quelque peu onéreux, en quoi il conviendra parfaitement
aux propriétaires terriens qui, ayant déjà sucé la moelle des pères, semblent
les mieux qualifiés pour manger la chair des enfants. »
Ne nous trompons pas, bien évidemment, sur le sens
de ces propos provocateurs. Il s’agit bien de pousser la satire au comble du
cynisme pour choquer et marquer les esprits. L’humour féroce d’une telle nouvelle
peut parfois s’avérer plus redoutable que la plus virulente des diatribes.
MODESTE PROPOSITION : POUR EMPÊCHER LES ENFANTS
DES PAUVRES D’ÊTRE À LA CHARGE DE LEURS PARENTS OU DE LEUR PAYS ET POUR LES
RENDRE UTILES AU PUBLIC
Suivi de PROPOSITION D’ATTRIBUTION D’INSIGNES AUX
MENDIANTS DE TOUTES LES PAROISSES DE DUBLIN PAR LE DOYEN DE SAINT-PATRICK.
Jonathan Swift
Traduit de l’anglais par Lili Sztajn et Thierry
Gillybœuf
62 pages – 2,60 euros
Éditions Mille et une nuits – Paris – janvier 2006
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