Il s’oppose autant au mythe technocratique qui compte sur la science et la technique pour tout résoudre qu’à celui, spirituel et antirationaliste, qui prône un retour à la nature. Il leur préfère une écologie sociale qui cherche « à définir la place de l’humanité dans la nature sans tomber dans un monde préhistorique antitechnologique ni partir sur un vaisseau de science fiction. »
La société en place est confrontée à l’effondrement de ses institutions, de ses valeurs et de son environnement naturel.
Murray Bookchin reproche à l’environnementalisme de considérer la nature comme un immense réservoir de ressources naturelles et de matières premières, de ne pas remettre en question sa domination par l’homme mais de développer des moyens pour diminuer les risques encourus par la destruction de l’environnement. L’écologie au contraire traite de l’équilibre dynamique de la nature, de l’interdépendance du vivant et du non vivant. L’écologie sociale propose une critique de la rupture entre humanité et nature et pose l’exigence d’y remédier.
Les idéologies totalitaires, en mettant les hommes au service de l’histoire, leur interdisent de jouer un rôle quelconque au service de leur propre humanité. L’homogénéisation et la standardisation qu’elles proposent, refusent à la volonté humaine et au choix individuel la possibilité d’influencer le cours des événements sociaux. L’écologie sociale repose sur le principe de l’unité dans la diversité : l’équilibre et l’harmonie sont atteint, dans la nature, par la différentiation constante.
Murray Bookchin rappelle que « Travailler avec la nature » oblige à favoriser la variété biotique résultant du développement spontané des phénomènes naturels. Il remet en cause la conception hiérarchique des écosystèmes, définissant la chaîne alimentaire, par exemple, selon des rapports de domination alors qu’il s’agit d’un réseau circulaire, d’un entrelacs de relations entre plantes et animaux. Il n’y a pas plus de « reine des abeilles » que de « roi des animaux » et la domination des hommes sur les femmes n’est nullement « naturelle ». Il tente de transposer à la société son caractère non hiérarchique, considérant la démocratie comme dénaturée avec le remplacement progressif de la participation par la représentation. À la philosophie, il reproche la conception dualiste insurmontable entre le monde mental et le monde extérieur. Descartes, Locke comme Kant ont fait disparaitre le point de contact entre nature et esprit que la pensée grecque avait tenté de mettre en évidence. De plus, jamais n’est envisagée l’origine organique de la pensée, la genèse du cerveau dans la nature pour saisir son évolution au sein du monde social.
Alors que les questions écologiques vont s’imposer à nous si nous ne leur chcerchons pas de réponses, tandis que le sujet n’est que trop cantonné dans des stratégies électoralistes guère audibles et des milieux initiés hermétiques, la lecture de Murray Bookchin parait judicieuse. Sa pensée est profondément complexe, voire ardue parfois et prometteuse. Il ne se contente certainement pas d’énumérer quelques lieux communs.
Nous essayerons de rendre compte de ses autres ouvrages rapidement.
QU’EST-CE QUE L’ÉCOLOGIE SOCIALE ?
Murray Bookchin
Traduit de l’anglais par Bernard Weigel
Préface de Hervé Kempf
54 pages – 7,20 euros
Atelier de création libertaire – Lyon – septembre 2012
http://www.atelierdecreationlibertaire.com/
Premier chapitre de The Ecology of Freedom : the Emergence and Dissolution oh Hierarchy publié en 1982.
Du même auteur :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire