16 mars 2017

PROPAGANDA - Comment manipuler l’opinion publique

Ouvrage fondateur de la fabrique du consentement par l’un des inventeurs de l’industrie des relations publiques et de l’ingénierie sociale destinées à manipuler les foules.

Après avoir activement participé à la commission Creel pour façonner l’opinion publique américaine afin qu’elle soutienne l’entrée en guerre des États-Unis, Edward Bernays contribua à l’élaboration d’une « nouvelle propagande », s’appuyant sur les recherches sur la manipulation des foules de Gustave Le Bon et Wilfred Trotter, mais aussi la psychologie du subconscient de Freud. Il ne s’agissait plus de manipuler l’esprit patriotique en utilisant les clichés mentaux et les ressorts classiques de l’émotion pour provoquer des réactions collectives contre les atrocités alléguées, dresser les masses contre la terreur et la tyrannie de l’ennemi mais d’appliquer une technique similaire aux problèmes des temps de paix, en premier lieu le commerce, moteur de l’économie.
Le groupe n’a pas les mêmes caractéristique psychique que l’individu. Il est motivé par des impulsions et des émotions que les connaissances en psychologie individuelle ne permettent pas d’expliquer. La pensée au sens strict du terme n’a pas sa place dans la mentalité collective, guidée par l’impulsion, l’émotion et l’habitude. Ainsi, au lieu de s’attaquer aux résistances des acheteurs, il s’agira de les supprimer en créant des circonstances qui, en canalisant les courants émotionnels, vont produire la demande. Autrefois, la publicité s’appuyait sur la directive « Achetez un piano (par exemple) ! ». Désormais, la nouvelle propagande inverse le schéma pour que l’acheteur potentiel demande « Vendez moi un piano ! ». C’est l’offre qui doit s’efforcer de créer une demande à sa mesure.
Edward Bernays regrette que cette méthode qui a fait ses preuves en imposant le bacon au petit-déjeuner ou en amenant les femmes américaines à fumer par exemple, ne soit pas plus utilisée en politique, par les université, l’art, la science.
C’est sans cynisme aucun qu’il s’emploie à défendre avec constance la nécessaire sincérité de l’usage de la propagande. Très clairement, il explique que c’est un gouvernement invisible qui possède réellement le pouvoir et que « la démocratie ayant pour vocation de tracer la voie, elle doit être pilotée par une minorité intelligente qui sait enrégimenter les masses pour mieux les guider. » 


La préface de Normand Baillargeon est au moins aussi intéressante que ce texte, au point que le lecteur pressé pourra (presque) s’en contenter. Elle restitue le contexte de la publication de ce document. Jusqu’en 1918, « propagande » n’était pas un terme péjoratif puisqu’il désignait simplement la propagation d’une pensée. Edward Bernays, malgré les préoccupations éthiques qu’il émet ici, travaillera pour le Gouvernement américain pendant son intervention au Nicaragua notamment.

Un document historique indispensable pour comprendre le fonctionnement des manipulations de l’opinion.




PROPAGANDA - Comment manipuler l’opinion publique
Edward Bernays
Traduit de l’anglais par Oristelle Bonis
 Préface de Normand Baillargeon
146 pages – 12 euros
Éditions Zones – Paris – octobre 2007
www.editions-zones.org
Publié pour la première fois aux Éditions H. Liveright – New York – 1928

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