Ricardo Flores Magón est l’un des principaux leaders
et théoriciens de la révolution mexicaine qui éclata le 20 novembre 1910.
Refusant tout compromis avec le pouvoir quel qu’il soit, il expose ses grands
principes dans les journaux qu’il dirige, sous forme de textes courts,
allégoriques et didactiques, adressés à un peuple essentiellement analphabète.
Ses brefs pamphlets mettent souvent en scène des
personnages qui incarnent des idées. Dans « Le Droit à la révolte »,
par exemple, le Vieux Vautour, symbolisant le tyran, observe sans comprendre un
géant qui se dresse, représentant l’insurrection.
Dans un autre, il charge son Voleur d’expliquer au
Mendiant qu’en violant les lois promulguées par la bourgeoisie, il ne fait que
rétablir la justice bafouée par les riches, qui volent les autres au nom de la
loi.
C’est la Machine qui va inciter l’ouvrier à
s’emparer d’elle au lieu de se lamenter, à travailler pour lui et les siens
plutôt que pour le « vampire qui [lui] suce le sang ».
Ricardo Flores Magón affirme que c’est une
escroquerie de faire miroiter aux travailleurs l’émancipation du prolétariat
par voie légale. Il revendique l’expropriation des nantis comme condition
essentielle à l’émancipation de l’humanité. Il réclame l’abolition de la
propriété individuelle. Il refuse l’accession au pouvoir, considérant que
« les gouvernements sont les chiens de garde des classes possédantes (…)
et les bourreaux des droits intangibles du prolétariat ». Pour lui, la
vraie révolution c’est « celle qui a surgit pour exterminer les riches et
abolir leurs lois ; celle qui incendie les églises et brûle les registre
de propriété ; celle qui arrache la terre des mains du propriétaire pour
en faire le bien de tous ».
Ces textes allégoriques ont inspiré le mouvement
zapatiste et les insurgés de la récente commune d’Oaxaca. On retrouve d’ailleurs
sous la plume de Marcos la même verve et la même volonté pédagogique.
Leur lecture est vivifiante.
« La révolte, c’est la vie ; et la
soumission c’est la mort. »
PROPOS D’UN AGITATEUR
Ricardo Flores Magón
Traduction de Michel Velazquez
Préface de David Doillon
98 pages – 7 euros.
Éditions Libertalia – Paris – octobre 2008
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