d’ouvriers incapables de payer leur loyer, leurs factures de gaz, d’électricité, exaspérées par la
hausse des prix qui décident d’une auto-réduction puis finissent par dévaliser un
supermarché, refusant tout simplement de payer.
S’ensuit un enchainement d’imbroglios
et de quiproquos, de portes qui claquent, de femmes soudainement enceintes qui
perdent les eaux (au goût de saumure, avec quelques olives !). Un gendarme
tombera enceint lui aussi, attribuant ce « miracle » à Sainte-Eulalie.
Quant au policier, appliquant à la lettre le règlement lors des perquisitions, il
parvient à pousser en même temps à la subversion : « Contre le vol
(celui des spéculateurs et des affameurs) il n’y a que
l’expropriation ! », « Croyez-moi, les réformes sérieuses, il
faut que les gens comprennent qu’ils doivent les faire eux-mêmes. Tant qu’ils
goberont des trucs comme… la délégation des pouvoirs, le sens des
responsabilités, la patience, l’autodiscipline et tout ce qui s’ensuit… rien ne
peut bouger. »
L’empathie du lecteur (ou du public) est acquise
dans un grand éclat de rire qui alimente une colère grandissante. Le sentiment
de révolte suit car l’indignation est insuffisante ; elle n'est
que « l’arme la plus redoutable du couillon ».
Le théâtre de Dario Fo est vivant, vibrant, bouillonnant.
Nourri à la Commedia Dell’Arte et aux farces médiévales, il utilise la satire, le
comique le plus corrosif, le grotesque, à des fins politiques pour dénoncer le chômage,
la précarité, les délocalisations, la répression, les expulsions, la condition
féminine. Ses didascalies suggèrent d’adapter le texte au contexte, de
l’enrichir en références aux événements du moment pour le rendre encore plus
immédiatement parlant.
C’est généreusement drôle, puissamment jubilatoire,
intensément subversif. À monter d’urgence et partout !
Dario Fo
Traduit de l’italien par Valeria Tasca et Toni
Cecchinato
Préface d’Hubert Gignoux : « Une volée de
colère et de rire »
Dans « Œuvres complètes » – tome 1
290 pages – 20 euros
Éditions Dramaturgie – Paris – octobre 1997
ON NE PAYE PAS ! ON NE PAYE PAS !
120 pages – 13,50 euros
Éditions L'Arche – Paris – octobre 2015
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