23 février 2022

LE BOUCHER DES HURLUS

Michou, huit ans et demi, et sa mère sont harcelés par le voisinage, depuis que « le pater anar, chouette ouvrier typo […] avait été fusillé à Perthes-les-Hurlus parce qu’il ouvrait sa grande gueule de réfractaire au massacre ». L’enfant n’a qu’une idée en tête : faire payer le général de division Des Gringes, dit le Boucher  des Hurlus, qui ordonnait « ces boucheries inutiles uniquement “pour entretenir le moral de la Troupe“ », causant la mort de près de cent quarante mille Poilus, en les envoyant à l’assaut d’un endroit qui n’avait aucune valeur stratégique, dix fois repris et reperdu.

22 février 2022

LA DÉMOCRATIE DISCIPLINÉE PAR LA DETTE

Les institutions publiques de la dette et de la monnaie, Le Trésor et la Banque Centrale, garantissent l’industrie financière privée, par des contreparties sociales, économiques et politiques. La brèche ouverte par la crise sanitaire risque d'être refermée, le capitalisme financier travaillant à la réduire à un événement exceptionnel et exogène, s’exemptant de toute leçon structurelle, pour vite « retourner à la normale » et imposer des sacrifices pour rembourser : augmenter les impôts sur la consommation plutôt que sur la fortune, renoncer à des services publics, à des dépenses et des droits sociaux, travailler plus. Benjamin Lemoine, sociologue chargé de recherche au CNRS, fournit des armes argumentatives pour faire face.

21 février 2022

RINO DELLA NEGRA, FOOTBALLEUR ET PARTISAN

« Nous sommes les Red Star fans / On vient de la banlieue rouge / Et la Rino s’enflamme / Toujours pour l’Étoile Rouge » chantent les supporters du stade Bauer de Saint-Ouen. Le nom de leur tribune : Rino Della Negra, rend hommage à l’ancien joueur de l’équipe, réfractaire au STO, membre du groupe Manoukian, fusillé à vingt ans au Mont Valérien le 21 février 1944. Dimitri Manessis et Jean Vigreux, après un impressionnant travail de recherche, dans les archives de la police notamment, analysent la vie de cette icône du football populaire et de la Résistance, ainsi que sa mémoire. « Loin d’une conception figée et surannée de “l’identité nationale“, la biographie de Rino Della Negra s’intègre dans cette histoire d’un pays qui a pu accueillir par-delà les difficultés, qui a su se construire grâce aux échanges multiples, et dont les membres des FTP-MOI ont pu écrire l’une des pages les plus lumineuses. »

17 février 2022

LA SOCIÉTÉ MÉDIATISÉE

Constatant que l’industrialisation de l’information fait obstacle à une prise de conscience sur la réalité et la nature des changements sociaux, Bernard Charbonneau analyse le rôle des médias qui, sous prétexte d’informer, font vivre des masses passives dans l’imaginaire : « Dans notre société les media tissent tout autour d’elle un rideau défensif, comme le ferait un système électronique contre des fusées surgies de l’espace. On peut dire de pareille société qu’elle est médiatisée, comme on dirait mithridatisée. » Il montre comment cette « société médiatisée » fait intérioriser par les individus et les peuples leurs contraintes, maintenant la cohérence des sociétés capitalistes et celle des sociétés prétendues socialistes.

15 février 2022

POINTS DE NON-RETOUR [QUAI DE SEINE]

Nora, réalisatrice de documentaires, souffre d’une incapacité à franchir les ponts, notamment le pont Saint-Michel. Les échanges avec son thérapeute l’aideront à plonger dans sa mémoire amputée par un lourd secret familial. Leurs dialogues sont entrecoupés par des conversations entre Irène, « la fille des colons », « la fille de la conquête de l’Algérie », et Younès, le colonisé.
Bribe après bribe, se dessine leur histoire d’amour, qui se dresse contre toutes les haines, contre les préjugées de leurs familles endeuillées par la guerre. La grand-mère, l’oncle, la tante et les cousins d’Iréne, égorgés dans les vignes. La mère et les frères de Younès, morts à Sétif pendant le massacre. « Tu vois mon amour, on ne rentre pas tous les deux dans le même “ON“. »

12 février 2022

ÇA CHANGE QUOI

Un journaliste retourne à Gênes quelques années après ces journées de juillet 2001 pendant lesquelles il a couvert les manifestations autour de la réunion du G8, pour se souvenir, comprendre l’enchainement des événements et tenter de surmonter le traumatisme.

10 février 2022

APOCALYPSE SHOW, QUAND L’AMÉRIQUE S’EFFONDRE

Anne-Lise Melquiond interroge les séries télévisées américaines apocalyptiques et postapocalyptiques qui banalisent les images de la catastrophe, en revisitant la même réalité historique, idéologique et sociale, sans toutefois confronter leur public aux menaces réelles qui pèsent sur la Terre aujourd’hui : réchauffement climatique et désastres industriels. En les habituant au pire, il s’agit de « faire accepter aux téléspectateurs la gestion politique de la catastrophe », car comme l’expliquait Frederic Jameson : « Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que d’imaginer la fin du capitalisme. »

8 février 2022

HOLD-UP SUR LA TERRE

En France aussi, l’accaparement des terres est à l’oeuvre. Après avoir enquêté pendant six mois, Lucile Leclair met en lumière un phénomène souterrain : « l’agriculture de firme » ! Après avoir avalé la transformation des produits agricoles et la distribution, les enseignes de la grande distribution et de l’agroalimentaire, des secteurs pharmaceutique et cosmétique, investissent aujourd’hui dans la production, où elles représenteraient déjà 30% du secteur.

7 février 2022

UNIVERSALISME

En France, l’universalisme fait l’objet d’un monopole intellectuel dans le discours politico-médiatique et serait menacé par un « nouvel antiracisme », « racisme déguisé » utilisant des concepts essentialisants et menaçant l’ordre républicain en déclenchant une guerre des races. Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang se proposent d’analyser ce pseudo-universalisme, d’établir « l’archéologie d’une falsification », puis d’ébaucher un « universalisme postcolonial ».

1 février 2022

NI WEB NI MASTER

Après sa brillante critique du travail, avec DÉPÔT DE BILAN DE COMPÉTENCES, David Snug s’en prend aux technologies de communication. Un « petit gars », lui quand il était jeune, vient porter son regard naïf et caustique sur l’emprise numérique qui s’est imposée à nos vies et à notre société.