27 mars 2017

LA PETITE RÉPUBLIQUE DES HERBEAUX ou la révolution des violettes

Un projet de parc touristique vient bouleverser la vie tranquille et immuable d’un hameau. L’arrivée d’un réfugié sans-papier, fuyant la guerre et cherchant l’hospitalité, va finir de révéler les personnalités des habitants. L’introduction prévient que ce récit s’adresse à tous et aussi « aux vilains à la cravate trop longue, aux sages à la pensée trop courte ».
 
Le lecteur/spectateur est tout d’abord embarqué par l’histoire, séduit par cette description caricaturale d’un monde rural qui lui évoque tant.
S’il ne s’identifie pas complètement aux personnages, il éprouve pour le moins beaucoup de sympathie pour eux, au point d’être confronté à leur dilemme moral. Saurions-nous avoir cette spontanéité naturelle à ouvrir porte et bouteilles ? Ou bien éprouverions nous cette méfiance stupide et cruelle face à l’inconnu ? Le choix semble d’autant plus évident lorsque le destin de la Marion et du Toine rejoint soudainement celui du réfugié yougoslave, dès lors qu’ils sont menacés d’expulsion imminente eux-aussi.
Le procédé est extrêmement malin. Il ne s’embarrasse pas de théorie ni de discours moralisateur mais se contente d’une démonstration par l’exemple, utilisant les références du spectateur pour mieux l’appâter son attention.

Le rire aussi est utilisé à bon escient. Les préconisations scéniques décrivent un théâtre de tréteaux sur lequel deux comédiens, accompagnés d’un musiciens, tiendront alternativement tous les rôles, enfilant successivement différents tabliers. Une mise-en-scène énergique, dans la tradition des fabliaux du Moyen-Âge et de la Comaedia dell’Arte, amplifie l’efficacité du texte.
Si leur « révolution des violettes » (rouge « comme l’amour et le vin », bleu « comme l’eau et la liberté »), leur déclaration constitutive on ne peut plus minimaliste, peuvent paraître bien naïves, c’est que là n’est pas le propos.

Ce texte a été créé en 2005 par la Compagnie Latituds (http://latituds.pagesperso-orange.fr/prh.html ), qui devrait être partout invitée. Il serait intéressant d’aller à la sortie des salles des fêtes, écouter les conversations et voir en action ce véritable théâtre d’éducation populaire.



LA PETITE RÉPUBLIQUE DES HERBEAUX ou la révolution des violettes
Lionel Ales
Édition bilingue occitan français, adapté par Desdièr Perre.
90 pages – 10 euros
Éditions du Roure – Polignac – avril 2012

http://www.editionsduroure.com/

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