Algue tueuse, application « esclavagiste », justice aléatoire et Patrick Balkany sont au menu de ce nouveau numéro de La Revue dessinée.Qu’est-ce qu’Uber exactement ?
Le « miracle » économique s’est rapidement révéler n’être qu’un mirage pour beaucoup, sauf pour les actionnaires de la plateforme. Les revenus prometteurs des premiers mois ont effectivement permis à de nombreux habitants de banlieues, souffrants de discriminations à l’emploi, de devenir leur propre patron. Mais ils n’ont aucune contrôle sur les tarifs qui relèvent désormais du low cost et ne leur permettent plus de vivre correctement ni de payer leurs charges malgré des volumes horaires très importants. Alexia Eychenne a rencontré de nombreux acteurs du secteur. Elle décortique un système dont les règles, tant celles des algorithmes que la législation, évoluent très rapidement. C’est complexe mais très clair.
Ulva armoricana est le nom savant de l’algue qui prolifère sur les plages bretonnes. Trois fois et demi plus que les années précédents, avec les grosses chaleurs de juin 2017 ! Son odeur d’œuf pourri trahit ses émanations d’hydrogène sulfuré (H2S) dont les taux sont bien souvent supérieur à ce qu’un organisme humain peut tolérer. Elles anesthésient le nerf olfactif, paralysent le système nerveux et respiratoire, tuent aussi rapidement que le cyanure. Si les pouvoirs publics reconnaissent sa responsabilité dans la mort d’un cheval (après avoir tenté d’empêcher l’autopsie) ou de trente-six sangliers d’un coup, ils sont systématiquement dans le déni dès qu’il s’agit de victimes humaines car l’agriculture intensive n’est pas étrangère à ce fléau. Après la « stratégie de l’incertitude » développée par la filière agro-alimentaire pour discréditer les expertises scientifiques et prolonger l’inaction gouvernementale, c’est près d’un milliard d’aides publiques qui a été « détourné ». Faut d’engagement sur des objectifs, elles ont souvent été utilisées à étendre et moderniser les exploitations pour produire davantage plutôt que pour limiter la pollution des eaux en nitrates. Cette enquête très fouillée se lit (presque) comme un thriller : remonter jusqu'au coupable n'est pas facile tant il bénéficie de protection.
Le hasard semble bien être le principal facteur à jouer dans les décisions prises par la Cour Nationale du Droit d’Asile... après un entretien d’une demi-heure. L’avocat sera-t-il impliqué au point de prendre le temps de préparer, en le conseillant, le témoignage de son client, parfaitement au fait de la situation politique du pays d’origine du demandeur ou tout simplement absent à l’audience ? Le juge sera-t’il l’un de ceux qui accordent en moyenne 40% de statuts ou l’un des « rejectors » qui n’en délivrent aucun ?
Dans la série d’enquêtes qu’elle consacre à la crise migratoire sous tous ses aspects, La Revue dessinée nous plonge pour ce numéro, dans ces sessions de rattrapage pour ceux dont l’Ofrpra a rejeté le dossier, qui semblent plus relever de la loterie que d’une justice équitable.
L’enquête sur la « saga » des Balkany est signée Julien Martin, par ailleurs auteur d’un livre sur le sujet qu’il connait donc parfaitement. On voit comment Patrick Balkany, étroitement conseillé par son épouse, arrive à la mairie de Levallois-Perret, vieux bastion communiste et comment il modifie profondément la sociologie de la ville notamment en vendant la friche industrielle de 50 hectares laissée par Citroën, soit 20% de la superficie de la ville, à des promoteurs immobiliers. Aux logements sociaux, il préférera toujours les sièges sociaux. Après la condamnation pour prise illégale d'intérêts, assortie de deux ans d'inéligibilité en 1996, mes suspicions de nouvelles malversations demeurent nombreuses et devraient faire l’objet d’un nouveau procès prochainement. Portrait d'une caricature qui pourrait prêter à rire s'il s'agissait seulement d'un personnage fictif !
LA REVUE DESSINÉE#17
Collectif
228 pages – 15 euros
Éditions La Revue Dessinée – Paris – Automne 2017
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