Ce qui choquera par dessus tout dans ces récits, c’est la condescendance permanente du pouvoir à imposer ses technologies mortifères, sans jamais aucune concertation, bien évidemment, mais surtout dans le plus grand secret, au mépris de tous les droits et de la vie même. John Teariki, député de Polynésie l’exposa fort bien un discours face au Général de Gaulle, le 7 septembre 1966, à l’occasion d’une visite présidentielle à Papetee : « Aucun gouvernement n'a jamais hésité à faire supporter par d'autres peuples – et, de préférence, par de petits peuples sans défense – les risques de ses essais nucléaires les plus dangereux. » Comme l’exprime fort bien un des personnages : « Chercher à comprendre c'est commencer à désobéir. »
Ainsi en Polynésie, « jusqu'en 1985 la direction de la santé publique été sous les entre des médecins militaires », pendant des décennies aucun registre des cancers et des leucémies n'a été tenu, les archives des hôpitaux locaux ont été rapatriées en France. Deux générations après les quarante-six essais atmosphériques, le nombre de troubles chez les jeunes enfants est anormalement élevé, tout comme les cancer les malformations et les leucémies. Pourtant dès 1962, les autorités françaises disposent de la traduction française de la compilation par les Américains de leurs observations à Hiroshima et Nagasaki, et aussi sur leurs propres essais : Effet des armes nucléaires, document de plus de sept cents pages.
Ces récits accablants qui contredisent la version officielle et glorieuse, donnent envie de connaître la véritable histoire du nucléaire français, avec ses mensonges et ses victimes. Avis aux chercheurs et aux éditeurs.
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
AU NOM DE LA BOMBE
Histoires secrètes des essais nucléaires français
Albert Drandov et Frankie Alarcon
104 pages – 17 euros
Éditions Steinkis – Paris – Février 2021
steinkis.com/livres/au-nom-de-la-bombe/au-nom-de-la-bombe.html
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