23 juillet 2021

« LA PUNAISE »

Le camarade Vania Polivarnov quitte Zoïa Bouleaunova pour « une autre plus jolie qui a la poitrine serrée dans une belle jaquette » : « Notre amour est liquidé. Ne faites pas obstacle au libre épanouissement d’un sentiment civique, sinon j’appelle la milice. » Un incendie détruit la maison où se déroule la noce. Un corps ne sera pas retrouvé dans les décombres.

Plus tard, les médias communistes du monde entier annoncent que le président de l’Institut des résurrections humaines estime possible le retour à la vie de cet individu congelé il y a 50 ans, tout en veillant à « prévenir tout risque de propagation des bactéries “lèches-bottes“ et “m’as-tu vu“, caractéristiques de l’année 1929 ». Il sera exposé au jardin zoologique, à côté de l’unique spécimen d’une punaise : « Ils sont deux – de taille différente mais de nature semblable : il s’agit des célèbres “punaisia normalis“ et « p’tit bourgeois vulgaris“. Tous deux complaisent sur les matelas moisis de l’époque. »

Avec un sens certain de la satire, Vladimir Maïakovski brosse le portrait décapent d’un parvenu en bottes et complet veston. Les illustrations de Macha Poynder, puissantes et tonitruantes, explosent en rouge et noir, à chaque double page. Au-delà de son contexte un peu daté, cette peinture de caractère, par sa férocité, demeure indémodable.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier


« LA PUNAISE »
D’après Vladimir Maïakovski
Traduit du russe par Jean Jourdheuil et Alexandre Skirda
Bois gravés de Macha Poynder
298 pages – 145 francs
Éditions ILM – Paris – Novembre 1985
La pièce de théâtre de Maïakovski a été écrite en 1928.





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