Des négociateurs européens et états-uniens se
réunissent depuis plusieurs mois, dans le plus grand secret, dans des bureaux
cadenassés de… l’ambassade d’Australie à Genève. Ils ne peuvent prendre de
notes, ni emporter de documents. Les députés européens n’ont
connaissance d'aucun texte.
Patrick Le Hyaric est député européen et directeur
de l’Humanité. Il révèle le mandat de négociation que s’est donné la Commission
de Bruxelles, document classé « U.E. diffusion restreinte » mais qu'il n'a pas obtenu officiellement.
Il retrace l’historique de la construction
européenne et des relations notamment commerciales avec les États-Unis depuis
l’immédiate après-guerre.
Ainsi, au regard de décennies de relations et
d’accords, on peut très clairement lire le dessein de construire un empire euro-américain sous
domination des États-Unis, en faisant coïncider les règles du commerce mondial,
les tarifs douaniers mais aussi les normes en matière de santé, de droits
sociaux, d’environnement… à la demande des grandes sociétés multinationales.
La Conférence de l’Organisation Internationale du
Commerce réunie à La Havane en 1948, fixait dans une Charte, en priorité, des
buts sociaux et économiques, interdisant à ses membres de prendre des positions
prédatrices. Le Congrès américain refusa de la ratifier. C’est bien le refus de
l’équité et le début des déréglementations au profit des multinationales qui se
sont joués là. Une tout autre voie était alors possible.
Patrick Le Hyaric livre ensuite une analyse des enjeux de l’accord
transatlantique, au regard des précédents. Baptisé par l’auteur « projet
Dracula », il est véritablement diabolique tant dans sa conception et ses
objectifs que dans ses méthodes.
Le « Libre-échange » n’est jamais que la
liberté dont dispose une poule et un renard dans un même enclos. Le
« Libre-échange » est
toujours codifié dans l'intérêt des transnationales.
Les valeurs de liberté et de démocratie si souvent
mises en avant concernent avant tout la liberté totale de circulation des
capitaux et des marchandises.
Il s’agit avant tout de favoriser le marché en contraignant les
souverainetés nationales : budgets des États surveillés avec pour objectif
la réduction des dépenses publiques et sociales, avec risque de sanction en cas d'infraction.
Les transnationales pratiquent un intense lobbying pour que le droit des États
ne s’appliquent plus à elles, pour pouvoir piller les ressources naturelles et
exploiter les êtres humains dans une liberté totale.
Article par article, il décrypte les limites du
mandat de négociation qu’il livre au public.
Au delà de toute position idéologique, le cynisme du
dessein finalement anti-européen est édifiant. Noir sur blanc, notre avenir et
celui de nos enfants est écrit. Il n’est cependant pas encore adopté. Et ce
travail d'information salutaire s’ouvre et se termine par un appel à une autre voie. En comprenant
précisément les enjeux, la rhétorique utilisée par les apprentis sorciers, il
est encore possible de déjouer le piège, en commençant par déconstruire le
discours dominant.
Car rien n’est irrémédiable.
En cela la lecture de cet ouvrage, en plus d’être
édifiante, sera fort utile.
DRACULA CONTRE LES PEUPLES.
Grand marché Transatlantique.
Patrick Le Hyaric.
Éditions de l’Humanité – Saint-Denis - 2014
276 pages – 8 euros.
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