Marx a découvert que derrière les prix il y a du
travail. Les économistes libéraux le nie (tout en le sachant pertinemment) et
défendent des prix fixés par l’offre et la demande. Ils nient également
l’argent.
Avec sa « loi du mouvement naturel de la
société » exposée en 1848 dans « Le Manifeste du parti
communiste » il explique que le monde se paupérise car à mesure que
l’humanité se rend maître de la nature, l’homme devient esclave de ses
semblables. La Loi du capitalisme est de ruiner la terre et les hommes.
Le capital-argent des propriétaires ne peut être
valorisé que par des travailleurs qui produisent marchandises, machines et
aussi de nouveaux futurs travailleurs.
Le capitalisme instaure le règne de la propriété
privée d’où naissent l’exploitation, la violence, le conflit et l’aliénation.
L’homme ne produit que pour avoir.
Le capitalisme a fait naître une société
commerçante, où les hommes ont transféré leurs valeurs vers les objets qu’ils
possèdent. Les rapports marchands ont remplacé les rapports humains.
Si la propriété est l’exclusion de l’autre et le
mimétisme, l’abolition de la propriété ne suscite que la cupidité. C’est
pourquoi le socialisme réel n’a pas réussi à humaniser les besoins. Au
contraire la société communiste définie par Marx propose une jouissance
collective.
Le capitalisme soumet les hommes à la frustration
perpétuelle de nouveaux besoins jamais inassouvis. La publicité fait acheter à
celui qui n’en n’a pas les moyen ce dont il n’a pas besoin et la guerre permet
de liquider les surplus.
Bernard Maris nous explique ensuite un certain
nombre de notions plus ou moins complexes :
-
Le profit est la différence entre le chiffre
d’affaires et le coût de production.
-
La plus-value est la différence entre la
vente de ce qu’a produit l’ouvrier et ce qui sert à sa vie.
-
Le salaire est la somme permettant aux
travailleurs de se perpétuer.
-
Le taux de profit est le rapport entre le
profit et le capital.
-
La baisse tendancielle du taux de profit est
due à la concurrence et à la surproduction. Elle débouche sur une crise, sur la
concentration du capital (darwinisme économique).
-
L’innovation permet d’endiguer cette baisse
en créant de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles méthodes de
production, de nouveaux besoins.
L’ouvrier produit plus qu’il ne lui ait nécessaire
pour survivre.
L’innovation permet de passer de crise en crise,
suivant des cycles réguliers.
Puis Bernard Maris évoque le communisme qui résout
la contradiction nécessité/abondance, abolit la division du travail et devait advenir
inéluctablement, avec le développement des forces productives, la mondialisation,
la paupérisation et la prolétarisation du monde.
Économiquement, tout ce qu’avait prévu Marx s’est
réalisé mais le capitalisme n’a pas été détruit naturellement car
l’exploitation et la souffrance n’engendrent pas la révolte mais l’asservissement.
Le communisme n’est qu’un christianisme athée.
Enfin, après ces efforts pédagogiques, Bernard Maris
utilise ces remarquables mais impuissantes théories pour analyser notre
mondialisation. La crise qui secoue le monde depuis 2007 est un modèle du genre.
Comme prévu par le schéma marxiste, les États prennent en charge les
conséquences de la crise boursière. Ils diminuent la dette sociale (services
publics, santé, éducation, allocations chômage,…) pour honorer les dettes
privées. Le capital financier liquide l’État providence pour récupérer l’argent
redistribué aux salariés. Les « forces productives » ont accouché
d’une classe moyenne, sur-prolétaire ou sous-capitaliste, qui exploite aussi le
travail pour grignoter quelques mois d’espérance de vie. Et le triomphe de la
Chine est surtout celui du capitalisme.
Justesse de la théorie mais fausseté de la
conclusion : les forces productives n’engendreront pas l’émancipation
de l’humanité.
L’exposé est brillant, limpide, agrémenté de
commentaires qui facilitent la compréhension. Les capitalistes veulent toujours
plus d’argent, nous
explique-t-il, parce qu’ils ne peuvent faire autrement,
comme le cycliste sur son vélo, condamner à pédaler pour ne pas tomber. Donc le
capitalisme tombera, conclu-t-il.
MARX, Ô MARX, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?
Bernard Maris
152 pages – 17 euros
Éditions Les échappés – Paris – septembre 2010
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