NO PASARÁN, LE JEU

Trois lycéens profitent d’un voyage scolaire à Londres pour se rendre dans une boutique de jeux vidéo dont la publicité les avait fort intrigués. Le vendeur, un octogénaire avec un numéro tatoué sur le poignet, scandalisé par le badge à l’effigie du condor arboré par l’un d’eux, leur confie la disquette d’un jeu un peu particulier : « L’ Ultime expérience ».

On l’aura compris, il se question de la fascination pour la guerre et la violence, notamment à travers les jeux vidéo, mais aussi d’un sens exagéré de la provocation qui peut entraîner jusqu’à des terrains nauséeux, de haine et d’abjection.
Pas si facile de n’être pas édifiant, surtout en littérature jeunesse. Avec de tels ingrédients, on pourrait s’attendre à une suite de propos pontifiants et moralisateurs. Il n’en est rien.

Plutôt que d’étudier le passé pour ne pas en reproduire les erreurs, Christian Lehmann propose purement et simplement de le revivre. Du Chemin des Dames en 1917 à Guernica en 1937, l’expérience est violente.
En complément de cette « initiation », deux personnages viennent apporter leurs témoignages directs et bien réels : une élève de la classe, réfugiée de la Yougoslavie en proie à la guerre et le grand frère d’un des protagonistes, soldat en mission de paix dans ce même pays, actuellement en permission.

Le lecteur accompagne les héros dans leur cheminent et leur compréhension que la guerre n’est pas manichéenne. Plus qu’un conflit entre des « bons » contre des « méchants », il y a seulement et surtout ceux qui la fuient et ceux qui jouissent de posséder une arme, qui recherchent du plaisir dans ce pouvoir démentiel de répandre la violence et la barbarie. L’auteur lui montre comment la haine grandit dans la frustration, alimente les charniers et comment toujours renait la « bête immonde ».

C’est sans aucun doute bouleversant, certainement efficace et malheureusement nécessaire.


NO PASARÁN, LE JEU
Christian Lehmann
234 pages – 7,90 euros.
Éditions L’École des loisirs – Collection Médium – Paris – Septembre 1996
À partir de 12 ans ?