Pierre-Joseph Proudhon démontre par la force de son implacable logique, l’iniquité de l’impôt dans la mesure où il frappe plus le pauvre que le riche. Il propose d’abolir d’urgence « l’impôt sur la consommation, qui exténue le peuple et qui l’affame ». « Ce n’est pas la répartition de l’impôt qui est mauvaise, c’est la répartition des biens. » L’État ne peut taxer plus durement le capital sans mettre en péril l’industrie. Toute « divagation sur l’impôt sont donc des chicanes de procureur. » Le pouvoir est tout simplement dans l’incapacité absolue « à procurer le bien-être du peuple ». « Les harangues du pouvoir et les diatribes des hommes de partis, sont autant de mystifications. »
Il constate que si la concurrence, l’offre et la demande, sont choses légales, la grèves des ouvriers est illégale. « Et ce n’est pas seulement le code pénal qui dit cela, c’est le système économique, c’est la nécessité de l’ordre établi. » Il rappelle que lorsque les mineurs de Rive-de-Gier s’avisèrent de « résister à la hausse des monopoleurs » en défendant leurs salaires, le pouvoir les fit fusiller. Dans la voie où la civilisation est engagée, de quelque côté que l’on se tourne, on aboutit donc toujours « au despotisme du monopole, par conséquent à l’oppression des consommateurs. »
Il répond aux « soi-disant théoriciens de la souveraineté du peuple » qui prétendent que « le remède à la tyrannie du pouvoir consiste à le faire émaner du suffrage populaire ». « Car du moment que les conditions constitutives du pouvoir, c’est-à-dire l’autorité, la propriété, la hiérarchie, sont conservées, le suffrage du peuple n’est plus que le consentement du peuple à son oppression ce qui est du plus niais charlatanisme. »
Il affirme et explique qu’on ne peut réformer la constitution, ni réglementer le monopole, ni attaquer l’hérédité. Il accuse les « socialistes scientifiques » de ne pouvoir concevoir la société sans hiérarchie et de s’être faits « les apôtres de l’autorité ». Il pense qu’il n’est pas besoin « des capitaux de la nation ni de la force publique » pour organiser le travail, pas besoin d’une réforme politique pour préliminaire à la réforme sociale. « Il faut trouver une combinaison agricole et industrielle au moyen de laquelle le pouvoir, aujourd’hui dominateur de la société, en devienne l’esclave. » Il s’agit de soumettre le capital et subalterniser le pouvoir, soutenir la guerre du travail contre le capital, de la liberté contre l’autorité, du producteur contre l’improductif, de l’égalité contre le privilège. « Le problème consiste donc, pour les classes travailleuses, non à conquérir, mais à vaincre tout à la fois le pouvoir et le monopole. »
La démonstration est un peu étourdissante et les nombreuses adresses à ses contemporains n’aident pas forcément à la compréhension. Le propos mérite cependant cet effort.
CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES ET INÉVITABLES DE L’IMPÔT
Pierre-Joseph Proudhon
106 pages – 7,50 euros.
Éditions L’Herne – Collection « Carnets » – Paris – avril 2014
Extraits d’un chapitre du « Système des contradictions économiques ou philosophiques de la misère » publié en 1846.
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