Quelques textes pour découvrir cet intrigant romancier à l’existence mystérieuse et romanesque.
La nouvelle qui donne son titre à ce recueil prend le capitalisme à son propre piège en brisant sa logique par le bon sens, en mettant en lumière son absurdité. Un investisseur new-yorkais s’imagine faire des affaires aux dépends d’un artisan mexicain mais c’est sans compter sur le pragmatisme de celui-ci. Il aura beau lui expliquer longuement son intérêt supposé, chiffres à l’appui, le « seul bénéfice qu’il [le paysan] retira de la subtile conférence à haute signification économique de l’Américain fut d’apprendre qu’un homme est capable de parler pendant des heures pour ne rien dire. »
Avec ce même sens de l’humour, B. Traven décrit dans Administration indienne et démocratie directe, la cérémonie d’investiture d’un nouveau chef élu. Il est tenu de s’assoir, pantalon à demi baissé, sur une chaise dont le siège est percé et sous lequel est grisé un pot empli de braises rougeoyantes, afin « de lui rappeler qu’il n’y est pas installé pour se reposer mais pour travailler pour le peuple ». Plus longtemps il reste assis sans montrer sa douleur, plus le respect et la confiance qu’il inspire grandissent. L’auteur conclut, s’il était besoin : « On pourrait très sérieusement conseiller aux prolétaires de mettre en application cette méthode d’élection indienne éprouvée, en particuliers à l’égard des fonctionnaires de leurs organisations syndicales et politiques. »
Si la lecture de cette trop brève publication en laissera plus d'un sur sur sa faim, c'est bien entendu le résultat escompté afin de susciter l'envie d'en découvrir davantage.
LE GROS CAPITALISTE
B. Traven
Traduit de l’allemand pat Adèle Zwicker
50 pages – 3 euros
Éditions Libertalia – Paris – Janvier 2018
http://www.editionslibertalia.com/
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