Un groupe de retraitées, anciennes collègues, se retrouvent régulièrement pour marcher. Un jour où elles repensent à tout ce qu’elles ont vécu à l’usine, surgit l’idée d’entreprendre un livre ou, pourquoi pas, une pièce de théâtre pour raconter les grèves, les luttes. Et les voici embarquées dans une aventure qui va les conduire à livrer le récit de leurs souvenirs, à évoquer leur enfance, leurs années de travail, afin qu’un metteur en scène produise un texte qu’elles finiront par jouer en binôme avec des jeunes filles chargées de les incarner dans le passé.
Cette bande dessinée retrace avec brio la genèse de cette expérience. La construction narrative en trois parties, le collectage, la mise en scène, la tournée et ses retombées, est intelligente. Le scénario est impeccable, évitant savamment les longueurs, les redites, se concentrant sur l’essentiel pour permettre au lecteur de saisir les enjeux, les difficultés, les états d’âmes, les angoisses et les joies, les agacements et les inquiétudes. L’un des personnages se rebelle, par exemple, contre le metteur en scène qui lui impose un texte qu’elle n’aurait jamais pu dire et l’on comprend combien les aller-retour, les ultimes corrections ont du être nombreux être demeurer le plus juste possible. L’économie de moyen pour toujours saisir l’essentiel se traduit aussi par le choix de Sébastien Vassant de n’utiliser que deux couleurs.
Cette bande dessinée poursuit finalement les mêmes objectifs que le spectacle : transmettre une conscience de classe, rendre compte des mécanismes prédateurs du système économique. L’exercice est en ce sens parfaitement réussi car conserver le contrôle du récit de nos luttes est important, vital, cependant l’usine fermera et on peut s’interroger sur la capacité de pouvoir des arts sur le réel.
POLITIQUE QUALITÉ - Le chemin est individuel, collectif et politique
Sébastien Vassant
164 pages – 23 euros
Éditions Futuropolis – Paris – Avril 2016
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