11 août 2024

LES BANDITS

L’historien britannique E.J. Hobsbawm explore la figure légendaire du « bandit social » que l’on retrouve partout dans le monde, avec une grande uniformité, comme reflet de situations semblables plus que conséquence d’une diffusion culturelle, et son apparition comme visage masqué de communautés paysannes réagissant à leur mode de vie.
Défiant ceux qui détiennent le pouvoir, le banditisme s’oppose à l’ordre économique, social et politique. Le banditisme social n’en constitue qu’une portion qui s’inscrit dans des sociétés ou des États marqués par des divisions de classes qu’il conteste. Il est l’expression de résistances collectives à l’emprise du capital et à l’autorité qui l’impose. La notoriété de ces bandits est colportée par des récits et des ballades. « Avant le triomphe de l'État national moderne, l'exercice du pouvoir était limité par l'incapacité des dirigeants à exercer un monopole de fait sur les armements, à maintenir de façon permanente et en nombre suffisant les effectifs d’un corps de soldats et de fonctionnaires, ainsi que, bien entendu, par l'absence de système d'information, de communication et de transport techniquement adaptés. » Le bandit social est « un paysan hors-la-loi que le seigneur et l’État considèrent comme un criminel, mais qui demeure dans la société paysanne, laquelle voit en lui un héros, un champion, un vengeur, un justicier, peut-être même un libérateur et, en tout cas, quelqu’un qu’il convient d’aider et de soutenir ». « Les bandits sociaux ne sont pas des révolutionnaires, mais des réformistes » : s’ils redressent les torts, corrigent ou vengent les injustices, ils laissent les riches exploiter les pauvres.
E.J. Hobsbawm identifie trois catégories qu’il décrit, illustre et commente : les brigands au grand coeur, les vengeurs, caractérisés par leur cruauté, les haïdoucs, qui aspiraient avant tout à la liberté. Il explique aussi que certains prennent part à des combats de libération nationale et, plus rarement, à des mouvements révolutionnaires. Toutefois, des « expropriateurs », révolutionnaires qui n’appartenaient pas au monde d’origine des bandits sociaux, ont pratiqués le banditisme pour financer leur cause.

La profusion des exemples, provenant du monde entier, contribue à l’accessibilité de cette étude, 
historique et sociologique, très sérieuse.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier


LES BANDITS
E.J. Hobsbawm
228 pages – 14 euros
Éditions La Découverte – Paris – Septembre 2008
www.editionsladecouverte.fr/les_bandits-9782355220135
276 pages – 12,50 euros
Éditions La Découverte – Paris – Novembre 2018


Voir aussi :

BANDITS ET BRIGANDS

« DU FRIC OU ON VOUS TUE ! »

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire