En 2008, les États européens ont mobilisés 37% de
leur P.I.B., soit 4 500 milliards d’euros, pour sauver le système bancaire. La crise
s’est alors transmise à toute l’économie et aucune régulation n’a été mise en
œuvre, malgré les promesses.
Les auteurs reviennent sur le coût exorbitant du sauvetage
des banques en 2008 et expliquent comment celles-ci continuent, en France
notamment, d’être de véritables bombes à retardement, plus préoccupées par
leurs profits immédiats que par le financement de l’économie réelle, spéculant
avec les dépôts de leurs clients, en dépit de toutes les recommandations.
Des produits financiers toujours plus sophistiqués
sont inventés pour réaliser des bénéfices gigantesques en spéculant sur les
dettes publiques, les monnaies, les quotas d’émissions de carbone et même les
catastrophes naturelles ! Leur valeur totale représente 213 fois le P.I.B.
de la France, dix fois l’économie réelle mondiale, 615 000 milliards de
dollars ! Alors qu’après la crise de 1929, ces véritables « armes de
destruction massive » (expression du milliardaire Warren Buffet) étaient
interdites, elles pullulent aujourd’hui.
Pour l’ancien rapporteur des Nations unies sur le
droit à l’alimentation, Jean Ziegler, la spéculation, conduisant à des famines,
est un crime contre l’humanité !
S’inspirant des campagnes contre l’apartheid, le
prix Nobel de la paix Desmond Tutu préconise de boycotter les entreprises qui
financent les dérèglements climatiques.
En France, les banques s’attaquent maintenant à
l’épargne réglementée (le livret A, le L.D.D,…) qui finance la construction de
logements sociaux, un pactole de 400 milliards d’euros avec lequel elles
voudraient pouvoir spéculer. Par ailleurs, elles bénéficient d’une véritable rente
avec des frais bancaires conçus comme une arnaque dont personne ne peut se
passer.
Elles investissent dans les pays à fiscalité
privilégiée. Si les échanges entre filiales d’un même groupe représentent 60%
des transactions du commerce mondial c’est que les banques savent contourner
les législations avec l’optimisation fiscale et migrer vers les paradis
fiscaux. Un lobbying intense et un chantage permanent sur les
pouvoirs publics permettent une réduction toujours plus grande de la pression
fiscale.
Les affaires, les procès, les amendes record ne les freinent ni les inquiètent nullement, car le jeu en vaut la chandelle ! Les rémunérations et les
dividendes distribués sont de plus en plus indécents. Les salaires des dirigeants ont été multipliés par quatre depuis 2008 !
Parfaitement accessible, rédigé dans un constant
soucis de mettre à la portée de tous la description d’un système meurtrier.
L’abondance d’exemples et de références rend le propos toujours clair.
Il ne s’agit pas seulement pour les auteurs de dénoncer mais aussi de
rappeler quelques lois qui ont fait leurs preuves avant d’être supprimées,
d’autres qui ont été sabotées avant d’être votées, des rapports qui pointent
des évidences… vite étouffées.
Des solutions simples, rapides à mettre en place,
évidentes, sont proposées : sanctuariser les dépôts des particuliers en les séparant des
banques d’affaires, défendre l’épargne en augmentant le taux des livrets,
favoriser la portabilité du numéro de compte comme pour la téléphonie, créer
un parquet européen, voter des lois anti-fraude, mettre fin au secret bancaire,
renforcer la protection des lanceurs d’alertes, empêcher la collusion entre
secteur bancaire et pouvoir politique.
Un livre qui donne le vertige, un goût de bord du
gouffre. Un livre indispensable pour comprendre l’immense danger que fait peser
cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes, indispensable pour
armer un discours.
LE LIVRE NOIR DES BANQUE$.
Attac & Basta !
Éditions Les Liens qui Libèrent – février 2015
82 pages – 21,50 euros
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