Si comme beaucoup de ses confrères du dessin de presse,
Honoré s’applique à tout dire en une image, les siennes sont « à
part » et immédiatement reconnaissables. Son utilisation particulière du
noir, inspirée de la gravure et sa signature systématiquement enfermée dans un
cartouche rectangulaire sont ses deux « marques de fabrique » qui,
souvent, l’ont fait comparer à Vallotton.
Honoré construit son rapport du texte à l’image avec
une puissance synthétique et un sens de l’ellipse qui valent mieux qu’un long
discours.
Un portrait de Poutine derrière un pupitre, face à un
groupe anonyme, est sobrement intitulé « Poutine répond aux
menaces. », ce qui suffit à donner le contexte, tout comme la légende
suffit à renverser le rapport de force initialement induit : «
- L’Europe… Combien d’abonnés au gaz ? »
Le cynisme récurent n’est que celui de notre monde.
C’est la mort qui ferme le robinet d’un pipe-line sous la légende tellement
évidente : « Les peuples heureux n’ont pas d’hydrocarbures ».
On remarquera de très nombreux emprunts
iconographiques. Les polynésiennes de Gauguin devenues squelettes annoncent la
reprise des essais nucléaires français. On retrouve aussi Magritte, Delacroix,
Courbet, Millet… mais aussi Tintin, Pif, Hitchcock, Volker Schlöndorff, Capra
(pour une magnifique « béatification des prêtres franquistes
tués »),…
Cette anthologie retrace vingt ans d’actualité
politique, mais beaucoup d’anciens dessins pourraient fort bien reparaître
aujourd’hui, en ne modifiant que les visages des protagonistes, car la
puissance des grands caricaturistes est de dégager l’universalité d’une
situation accessoire. Honoré est de ceux-là. Mais ceci ne compensera pas la perte de la singularité de son regard.
PETITE ANTHOLOGIE DU DESSIN POLITIQUE
Honoré
288 pages – 25 euros.
Éditions de La Martinière – Paris – avril 2016
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