Trois discours mis en perspective pour appréhender
le long parcours de la prise en considération de l’esclavage dans l’histoire de
la République Française.
La transcription de quelques échanges lors des
débats de la Convention en février 1794, rend compte de l’euphorie fraternelle
qui animait les législateurs. Pierre Dufay, colon et député de Saint-Domingue
où le commissaire civil Sonthonax avait aboli l’esclavage en 1793, défend les
Noirs calomniés par leurs oppresseurs faute de pouvoir les détruire. René
Levasseur, député de la Sarthe, propose que tous les hommes soient libres sans
distinction de couleur, en fidélité à la Déclaration des Droits de l’Homme.
Danton, plus lyrique, proclame la Liberté Universelle. Une chronologie de l’histoire
de la traite et de l’esclavage complète intelligemment ce document historique
en soit peu argumenté. On retiendra notamment que Bonaparte rétabli l’esclavage
et la traite dès 1802.
L’intervention de Léopold Sédar Senghor, député du
Sénégal devant l’Assemblée Nationale, le 29 janvier 1957, dénonce les décrets
d’application de la loi de 1956 qui doit régler les liens entre le France et
les territoires d’outre-mer et définir une plus grande autonomie. Il leur
reproche de chercher à « balkaniser » les fédérations africaines et
d’opposer artificiellement les territoires tout en renforçant le centralisme de
la métropole. Il propose au contraire de fédérer, c’est-à-dire de lier sans
étouffer.
La députée de la Guyane Christiane Taubira annonce
l’adoption par l’Assemblée Nationale de la reconnaissance de l’esclavage et de
la traite comme crime contre l’humanité. Elle précise qu’il ne s’agit ni d’une
accusation (la culpabilité n’étant pas héréditaire) ni d’une repentance (le
refus de l’injustice étant une valeur fondatrice de la République). Elle
rappelle ce que fut l’esclavage depuis la « mission civilisatrice »
légitimée par la prétendue malédiction de Cham, second fils de Noé, le Code
Noir qui fut inscrit pendant deux siècles dans le droit français, le commerce
triangulaire qui en dura quatre.
Ce dernier texte est le seul à être publié
dans son intégralité. Le défaut de cette collection est effectivement de
frustrer la curiosité du lecteur en coupant certain passages qu’on peut
supposer digressifs ou par trop contextualisés.
Ce recueil regroupe tout de même des documents
historiquement très intéressants pour comprendre l’évolution des mentalités
face à l’esclavage.
LANÇONS LA LIBERTÉ DANS LES COLONIES
Discours de Danton et Dufay, 4 février 1794
Suivi de LA FRANCE EST UN ARBRE VIVANT
Discours de Léopold Sédar Senghor, 29 janvier 1957
Suivi de LA TRAITE ET L’ESCLAVAGE SONT UN CRIME CONTRE
L’HUMANITÉ
Discours de Christiane Taubira, 18 février 1999
66 pages – 3,10 euros
Éditions Points Seuil – Paris – août 2009
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