14 juin 2017

LUNDIMATIN N°0 - Mars/août 2016 - Au cœur du mouvement contre la loi Travail »

Depuis décembre 2014, le site Lundimatin publie en ligne un journal hebdomadaire. Pour échapper à l’immédiateté obligatoire, à l’obsolescence instantanée, sa rédaction propose une parution papier regroupant quelques articles significatifs autour d’un thème et d’une période. Ce numéro 0 revient sur la séquence mars/août 2016 et le mouvement de la loi Travail.

La mobilisation lycéenne.

Prenant de cours les centrales syndicales, la contestation est lancée par des Youtubeurs sous le mot d’ordre #onvautmieuxqueça, une pétition individuelle recueille plus d’un million de signature. De peur d’être dépassées elles ne peuvent que rejoindre la « manif facebook » du 9 mars 2016.
Dans le communiqué d’un mystérieux Comité d’Action, la couleur est annoncée : c’est « le monde ou rien ». Macron ne fait que terminer le travail commencé en 1983. Limiter le terrain du conflit à la question de la loi Travail dévoilée le 17 février,  c’est s’enfermer dans la sphère étouffante des petites intrigues, des « négociations-pièges à cons ». Et les prochaines élections ne sont pas la solution mais une partie du problème.
Des cahiers encartés, intercalés entre chaque chapitre, reprennent des récits de manifestations, d’occupations ou d’émeutes. Une manifestation est « une épreuve de force où la population ayant des raisons de se révolter rencontre physiquement les gens que l’on paye pour maintenir le monde dans l’état déplorable où nous le trouvons. »


Le mouvement social.

Le 22 mars, des intellectuels, dans un texte collectif, soutienne l’action de rue engagée par la jeunesse. Ils considèrent que les occupations de places ne suffisent pas à bloquer le fonctionnement des institutions. Le risque qu’elles contiennent est de se contenter d’exister, d’attendre leur évacuation ou leur épuisement. Elles doivent être le point de départ pour prendre les lieux d’où les « représentants du peuple » prétendent pouvoir le gouverner et à l’occasion le matraquer.

Ce mouvement est l’actualisation pratique du discrédit général de la politique en toute occasion. L’unification du mouvement n’est pas en jeu, pas plus que « la vieille rengaine trotskiste de la convergence des luttes » mais les mises en contact entre points d’intensité politique distants. Il ne s’agit pas de bloquer la loi El Khomri mais de destituer ce qui nous gouverne.
« Dans un pays où l’état d’urgence prolongeait l’effet de terreur des attentats, où les écrans nous égaraient entre fausse « question du voile » et fausse « vague migratoire », des centaines de milliers de personnes descendaient dans la rue.


La Nuit Debout.

« Ce qu’il y a de vivant et de redoutable dans le contre-espace de la place de la République, c’est que le geste peut suivre la parole. » Les manifestations spontanées se multiplient, comme l’apéro chez Vals.
Deux positions s’expriment et s’opposent sur la question de la destitution : les uns proposent d’écrire une nouvelle constitution pour fonder une nouvelle société, les autres pensent que la destitution doit être sans fin, qu’il faut « substituer à la fiction d’une société, la réalité d’une pluralité de mondes exprimant et incarnant chacun une idée propre de la vie, du bonheur. »
« Nous n’avons jusqu’ici connu que la vie organisée, nous allons connaître la vie vivante. »


Le blocage et les occupations.

Des forces autonomes sont en train de s’agréger. Il n’y a pas d’  « autonomes » mais des être qui se conduisent, en situation, de manière autonome.

Avec la manifestation de la police place de la République le 18 mai, la boucle est bouclée. La police n’est plus un simple instrument aux mains des gouvernants méprisés de tous, elle se constitue à son tour en force autonome et devient leur maître.

Retour sur l’arrêt des raffineries à Grandpuits. Sabotage de la fibre optique en Haute-loire obligeant les banques à fermer. Les flics sont-ils tous des bâtards ?


La question du maintien de l’ordre.

Si la police est si détestée c’est qu’elle est le bras armée d’un gouvernement qui pilote désormais son bateau comme une galère : à coups de fouets, de politiques racistes, d’état d’urgence ou de passage en force au Parlement.
Avec l’importation de Grande-Bretagne de la technique de la «  nasse », les manipulations autour des fenêtres cassées de l’hôpital Necker pendant la manif du 14 juin, la voiture de police incendiée le 18 mai, il y a une recherche désespérée de la part de l’État de ne pas perdre la main sur ce qui est de plus contesté : le monopole de la violence.


Continuer après l’émeute.

Le 14 juin ont été atteintes les limites de l’émeute. La prochaine étape sera l’insurrection. Un seul mot d’ordre « À l’abordage » a suffit à faire reculer le pouvoir. Avec l’annulation de l’université d’été du PS à Nantes, c’est la destitution qui est en marche. La prochaine étape est d’empêcher la campagne présidentielle parce qu’elle est là pour refermer les possibles. Il s’agit de construire un processus tel que les gesticulations du pouvoir ne parviendront plus à embrayer sur la vie réelle et deviendront une sorte de divertissement pour les pensionnaires des maisons de retraite, maintenant que les guignols de l’info ont disparu.



Ce zoom sur un récent passé permet de mieux saisir le sens des événements tout en permettant une relecture à froid qui dégage les enjeux essentiels que la sur-information en continu à tendance à noyer. On sent ici l’influence, si ce n’est la présence, du Comité invisible. On retrouvera donc le ton, les thématiques et même certains passages de leurs ouvrages, mais aussi d’autres témoignages tout aussi déterminés.





LUNDIMATIN N°0 - Mars/août 2016 - Au cœur du mouvement contre la loi Travail »
Collectif
258 pages – 12 euros
Éditions Lundimatin – Rouen – avril 2017
https://lundi.am/


 



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