16 janvier 2018

LA FAIM DANS LE MONDE EXPLIQUÉE À MON FILS

La FAO, Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture des Nations unies, évaluait à plus de 30 millions le nombre de personnes mortes de faim en 1998 et à 828 millions celles ravagées par la sous-nutrition sévère et permanente. Les images des famines en Somalie, au Soudan, en Sierra Leone ou ailleurs sont diffusées dans l’indifférence générale et semblent appartenir à une « sorte de normalité ».
Les trois quarts de ces victimes vivent dans les campagnes. Si ces cent dernières années, les capacités de production, notamment agricoles, se sont considérablement développées, la faim n’a pas disparu pour autant et, bien au contraire, s’est aggravée. Ce qui tue aujourd’hui, c’est « l’injuste distribution des biens disponibles ». Ceux qui meurent de faim n’ont tout simplement pas les moyens financiers d’accéder à une nourriture suffisante. Le monde actuel pourrait nourrir sans problème 12 milliards d’êtres humains, toujours selon la FAO.

La théorie de Thomas Malthus, publiée en 1798, dans son Essai sur le principe de population, selon laquelle la nature procéderait à une sélection naturelle en éliminant les êtres en surnombre pour maintenir les équilibres, a marqué les esprits et permet de refouler l’horreur.
La « faim conjoncturelle » est provoquée par l’effondrement brutal, imprévu, de toute une infrastructure économique et sociale suite à une sécheresse, un ouragan, une guerre par exemple. Tout d’un coup, il n’y a plus de nourriture et si l’aide internationale n’arrive pas des millions de personnes meurent.
Jean Ziegler ne définit pas la « faim structurelle mais rappelle qu’un quart de la récolte céréalière du monde est chaque année utilisé pour nourrir les bœufs des pays riches, que pour garantir à leurs paysans un prix minimum les pays riches sont en permanence obligés de détruire massivement des aliments. La situation est telle que le commissaire à l’agriculture de l’Union européenne, Franz Fischler, a proposé de verser un revenu direct aux producteurs pour qu’ils cessent de produire des aliments, solution qui coûterait beaucoup moins cher que de subventionner les prix.
« Certaines puissances utilisent la privation de nourriture comme une arme contre ceux auxquels elles veulent imposer leur volonté. » Ce fut le cas lors du siège de Sarajevo par les serbes de Milosevic de 1992 à 1995 et avec l’opération « pétrole contre nourriture » imposée à l’Irak par les États-Unis qui espèrent qu’en augmentant les souffrances du peuple irakien, il se soulèvera contre Saddam Hussein. En 1998, 600 000 enfants agonisaient faute de nourriture. Selon le coordinateur de l’aide alimentaire de l’ONU pour ce pays, Denis Halliday : « En Irak, les États-Unis sont coupables de génocide. »
Pour illustrer l’utilisation de l’ « arme alimentaire » par certaines sociétés multinationales, Jean Ziegler raconte comment Nestlé a refusé de collaboré avec le gouvernement chilien en 1971 lorsque le président Salvador Allende voulait distribuer gratuitement un demi-litre de lait par jour à tous les enfants. Le 11 septembre 1973, la CIA avec des officiers fascistes de l’armée organisa un coup d’État.

À l’aube du XXI ème siècle, près d’un milliard de personnes sont menacés par la désertification. Les 250 millions de « réfugiés écologiques » n’ont pour l’instant aucun statut prévu par le droit international.


En conclusion, Jean Ziegler préconise de soumettre tous les mécanismes de l’économie mondiale à l’impératif de nourrir convenablement tous les habitants de la planète. « Le droit à la nourriture est le premier des droits de l’homme. »  « Il faut fermer la Bourse des matières premières agricoles de Chicago, combattre la détérioration constante des termes de l’échange et anéantir la stupide idéologie néolibérale qui aveugle la plupart des dirigeants des États d’Occident. »

Vœux pieux à notre avis car comme il l’explique fort bien dans d’autres ouvrages les organismes de régulations internationaux (FMI, Banque mondiale, OCDE,…) sont précisément au service de cette idéologie. Cette rapide synthèse a cependant le mérite de la clarté et de ne pas s’embarrasser de circonlocutions. En quelques pages, sont exposées toutes les données du problème. 


LA FAIM DANS LE MONDE EXPLIQUÉE À MON FILS
Jean Ziegler
66 pages – 7 euros
Éditions du Seuil – Paris – Septembre 1999
À partir de 14 ans ?



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