Serveuse inquiète au milieu de mushers, rustres buveurs d’eau-de-vie, elle espère presque qu’éclate « cette confrontation latente » pour qu’ensemble elles les déchiquettent : « Grâce à toi, j’ai pris du cran. Plus jamais des pattes sales ne me toucheront, plus jamais. » À sa propre peur des hommes, de leur violence, répond le refus de Séquoia de laisser les mâles l’approcher. Si toutes deux semblent préférer les femelles, la narratrice tombera tout de même enceinte mais devra fuir de nouveau la violence : « Je ne ferai pas la même erreur que ma mère ; je ne resterai pas toute une vie captive à m’en voûter le dos pour protéger mes chairs sensibles. » « Je n'ai pas besoin d'un homme dans ma vie pour être bien, même que ma vie est plus agréable lorsque je suis loin des humains en tous genres. » La cohabitation est cependant parfois compliquée : comment enseigner à un chien nordique qu’il peut manger les poules sauvages mais pas les domestiques ?
Sur un mode contemplatif et analytique, Gabrielle Filteau-Chiba, au-delà de son récit autobiographique, évoque « la sauvagerie inée » qu’on ne supporte pas, cette « peur bleue de l’inconnu, de tout ce qui est indomptable ». Elle accomplit son deuil avec ce beau texte, hommage à une sororité interspécifique.
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
LOUVE EN JUILLET
Gabrielle Filteau-Chiba
112 pages – 14 euros
Éditions Dépaysage – Collection « Animales » – Malvezie (31) – Août 2025
www.editions-depaysage.fr/livres/louve-en-juillet/

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