Aux élections de 1936, pour la première et dernière
fois, la CNT ne lance pas son mot d’ordre habituel « Ne votez pas,
préparez-vous à la révolution sociale » , permettant ainsi la victoire du
Front Populaire, contre la promesse de la libération des 30 000 prisonniers
politiques arrêtés pendant la répression de l’insurrection des Astruries.
Et
quand le 18 juillet, les militaires et les fascistes se soulèvent depuis le
Maroc, les arnarcho-syndicalistes appellent au soulèvement populaire, à la
grève générale révolutionnaire. Parallèlement aux combats, réquisitions et
autogestion s’organisent.
Après avoir brossé un rapide tableau de ces années
et des forces en présence, les auteurs présentent, secteur par secteur, comment
les travailleurs, par l’action directe, se sont émancipés de l’exploitation
capitaliste et de l’oppression étatique en réorganisant la société sur les
bases du communisme libertaire, c’est-à-dire la libre fédération des individus
ayant réalisé la collectivisation de la production et s’appuyant sur l’idéal
proclamé par Ricardo Mella : « La liberté comme base, l’égalité comme
moyen, la fraternité comme but ».
La métallurgie est rapidement réorientée pour
soutenir l’effort de guerre. L’industrie du bois est entièrement socialisée
c’est-à-dire que les ouvriers administrent tout, des matières premières à la vente
des produits finis. Les transports à Barcelone, comme beaucoup d’entreprises
alimentaires sont collectivisés. L’école, la santé et la presse ne sont pas
oubliées. La réforme agraire permet une collectivisation des terres, une
augmentation des rendements et une amélioration des conditions de vie. La
monnaie est abolie. Les productions sont distribuées gratuitement selon les
besoins. Le reste est échangé.
Le récit de Miguel Celma, qui suit cette
présentation, l’illustre parfaitement. On comprend comment, concrètement, s’organise
la gestion d’une petite ville de 5 000 habitants.
Une bibliographie présente quelques ouvrages étudiant
cette transformation révolutionnaire et comment évoquent la collectivisation
ceux qui traitent plus globalement de la guerre d’Espagne.
Ce livre est une excellente synthèse de l’expérimentation
réelle et à grande échelle d’un fonctionnement économique qui mérite notre plus
grande attention.
LA COLLECTIVISATION EN ESPAGNE
1936 : une révolution autogestionnaire
Avec le témoignage de Miguel Celma sur la
collectivité de Calanda.
Le collectif Redhic
132 pages – 8 euros
Éditions CNT-RP – Paris – mai 2016
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